Thellus – Le Cycle d’Eva Samas : Une épopée SF immersive aux confins du mythe

Découvrir Thellus – Le Cycle d’Eva Samas revient à plonger dans un univers de science-fiction fascinant, où les codes du genre se mêlent à une ambiance mythologique et dystopique. Écrit par Simona Mogavino (Les Reines de Sang, Le Chevalier d’Éon)et Carlos Gomez et Laura Zuccheri au dessin, ce récit s’inscrit dans un diptyque ambitieux publié chez Glénat en même temps que son pendant, Thellus – Le Cycle de Kad Moon. Une sortie en simultané qui souligne la richesse d’un monde en pleine expansion et qui promet une véritable fresque SF.

Le Synopsis

Comment briser ses chaînes, quand on a passé sa vie dans les ténèbres ?

Élevée dans les entrailles de la mine d’or de Kitum, Eva est piégée dans un monde où la vieillesse n’existe pas car toute personne est exécutée dès son cinquantième anniversaire. Les Maîtres, tyrans de cet univers, envoient des chasseurs armés d’essenceurs, qui fusionnent le sang humain avec de l’or pur pour créer de l’Energite, un mystérieux liquide essentiel à leurs sombres desseins… La vie d’Eva prend un tournant dramatique lorsque Priol, son frère rebelle, affronte un chasseur venu extraire le sang d’un vieux mineur. Cet affrontement force Eva à prendre la fuite avec son ami Molosso.

Alors qu’ils errent dans le désert, leur périple les conduit directement dans les griffes du peuple du serpent, qui les emprisonne dans un fragment de l’Arche, le vaisseau spatial échoué des Maîtres. Cette merveille technologique ancienne, devenue prison, repose enfouie dans les profondeurs, près d’une ville souterraine, après s’être écrasée sur la planète mille ans auparavant. C’est là qu’Eva fait la rencontre d’un personnage de légende dont les révélations vont changer à jamais son destin.

Entourée de deux dessinateurs talentueux, Carlos Gómez et Laura Zuccheri, la scénariste Simona Mogavino signe une grande saga SF empreinte de mythologie, qui nous projette sur une planète inconnue. À travers deux cycles de deux albums, nous suivons les deux destins parallèles de Kad-Moon et d’Eva Samas, qui sont voués à se croiser dans un cinquième opus pour la révélation finale !

Mon Avis

Une dystopie où la longévité est un privilège

Sur la planète Thellus, la mort naturelle n’existe pas : les habitants sont exécutés à l’aube de leurs cinquante ans. Leur sang, mélangé à de l’or, sert à créer l’Energite, un élixir de longévité convoité par une caste dominante connue sous le nom des Maîtres. Eva Samas, l’héroïne de ces 2 premiers tome de son cycle, est une traqueuse rétribuée pour chasser les vieillissants. Mais son destin bascule lorsqu’elle est capturée et enfermée dans une structure métallique décadente : l’Arche, vestige d’un ancien vaisseau spatial où règne une entité mi-femme, mi-serpent, entourée de son peuple servile.

Ces 2 premiers tomes se présentent comme une introduction foisonnante, chargée de poser les bases d’une saga en cinq volumes (2 de chaque cycle, puis une conclusion finale commune). Simona Mogavino construit un monde riche, aux inspirations multiples, entre dystopie, science-fiction et mythologie. Le récit aborde des thématiques fortes : la liberté, la quête de survie, l’exploitation et l’immortalité, tout en distillant un mystère qui pousse à s’interroger sur la véritable nature des Maîtres et leur lien avec les origines de Thellus.

Si le scénario demande une certaine implication pour assimiler tous les éléments du lore, il réussit à maintenir l’intérêt grâce à un rythme et à une construction habile de ses personnages. Eva Samas s’impose d’emblée comme une protagoniste complexe, partagée entre son rôle de chasseresse et son destin qui semble la dépasser.

Un régal visuel aux influences cinématographiques

Visuellement, Thellus – Le Cycle d’Eva Samas est une véritable réussite. Le duo d’artistes Carlos Gómez et Laura Zuccheri, connus pour leur travail sur la série Tex des éditions Bonelli, livre une prestation de haut niveau. Le trait de Gómez est virtuose, détaillé, jouant sur des hachures précises et un cadrage dynamique qui immerge le lecteur dans l’action. L’esthétique rappelle par moments l’influence du magazine Métal Hurlant, avec une minutie qui confère à l’ensemble une ambiance cinématographique.

Les couleurs de Lorenzo Pieri apportent un véritable relief aux planches. Tantôt brûlantes et oppressantes dans les déserts arides, tantôt froides et métalliques dans l’Arche, elles participent à l’atmosphère envoûtante du récit.

Malgré un scénario dense qui peut parfois sembler labyrinthique distillé sur 2 cycles simultanés, Thellus – Le Cycle d’Eva Samas pose les bases solides d’une grande saga SF. Son univers fascinant, porté par une direction artistique impeccable, fait de cette bande dessinée une expérience immersive et saisissante. Reste à voir comment l’intrigue va évoluer dans la conclusion finale, mais une chose est certaine : l’envie d’explorer davantage Thellus est bien présente. Un véritable coup de cœur !

MA NOTE : 18,5/20