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Real – Un chef-d’œuvre Introspectif sur le Sport et la Résilience

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Quand on pense à Takehiko Inoue, Slam Dunk et Vagabond viennent immédiatement à l’esprit. Pourtant, Real, son manga sur le handibasket, est sans doute son œuvre la plus poignante et la plus humaine. Ce chef-d’œuvre édité chez Kana, Real transcende le simple manga sportif pour s’imposer comme une plongée saisissante dans l’acceptation de soi, la reconstruction et la résilience.

Le Synopsis

Le jour où Tomomi Nomiya se fait renvoyer de son lycée, le professeur Kitahara chargé de cet élève plutôt indiscipliné, dit que s’il avait continué le basket, il n’en serait pas arrivé là. Seulement, Nomiya a eu un accident quelques jours plus tôt et la jeune fille qu’il avait dragué et qu’il transportait, se déplace maintenant en fauteuil roulant. Ruminant la malchance qui le suit partout, il prend la décision d’aider cette jeune fille dont il n’ a jamais entendu le son de la voix et d’arrêter le basket qu’il pratiquait au lycée. Mais lors d’une promenade avec cette fille, Natsumi, il rencontre un garçon en fauteuil roulant qui s’entraîne au basket. Sa passion ressurgit alors et il décide d’échanger quelques balles avec lui. Il finit par faire un duel en étant lui aussi dans un fauteuil tant il est impressionné par le niveau d’un garçon qui fait à peine la moitié de sa taille. Nomiya se retrouve alors ,de plus en plus attiré par le handi-basket et par son nouvel ami Kiyoharu Togawa.

Peu de temps après, Nomiya apprend qu’un de ces deux meilleurs amis du lycée, Masaki (qui joue dans l’équipe du lycée) vient de se faire renvoyer par le lycée. Après en avoir appris un peu plus sur la cause du renvois, il décide de défier les membres de l’équipe de basket du lycée (et plus particulièrement le nouveau capitaine, Takahashi) qui ont fait exprès de tenir à l’écart son ami lors des entraînements en proposant un deux contre deux avec de son côté, Togawa…

Mon Avis

Un sport, mais avant tout des vies brisées

Contrairement aux classiques du manga de sport qui mettent l’accent sur la compétition et l’ascension vers la gloire, Real délaisse les exploits pour se concentrer sur ses personnages.

Loin des terrains grandioses, l’histoire nous plonge dans la vie de trois protagonistes aux parcours tourmentés. Tomomi Nomiya, lycéen exclu de son établissement après un accident qui a paralysé une jeune fille qu’il venait de rencontrer, vit avec une culpabilité écrasante. Hisanobu Takahashi, lycéen arrogant et talentueux au basket, voit sa vie s’effondrer lorsqu’un accident le rend paraplégique. Enfin, Kiyoharu Togawa, ancien sprinter victime d’une maladie osseuse ayant entraîné l’amputation de sa jambe, se bat pour exister à travers le handibasket.

Chaque personnage porte en lui une lutte intime, un combat bien plus difficile que n’importe quel match. Inoue dépeint avec une justesse rare leurs doutes, leurs échecs et leurs difficultés à avancer dans une société souvent impitoyable envers les plus faibles. Loin d’idéaliser le handicap ou de tomber dans le misérabilisme, il montre au contraire la complexité des émotions humaines, entre colère, frustration et espoir.

La force de Real repose sur son traitement du handicap et de la réadaptation. Takehiko Inoue, connu pour son approche documentaire et sa rigueur, dépeint avec un souci du détail impressionnant la difficulté de vivre avec un corps diminué. Takahashi, par exemple, passe par des phases de déni et de haine envers lui-même avant d’entrevoir une lumière à travers le sport. Mais ici, le basket n’est pas une fin en soi, c’est un moyen d’exister, de redéfinir son identité et de retrouver un sens à la vie.

Les dialogues intérieurs des personnages sont d’une force saisissante. Ils nous plongent dans leur conscience, dans leurs contradictions et dans leurs peurs. Le récit est rythmé par des flashbacks qui enrichissent la psychologie des héros, nous permettant de comprendre leurs blessures profondes. Chaque réflexion, chaque dilemme moral renforce l’immersion du lecteur, qui devient témoin de cette lente et douloureuse renaissance.

Un art au sommet de son expressivité

Si Real se distingue narrativement, il est aussi un chef-d’œuvre graphique. Takehiko Inoue affine ici son trait jusqu’à atteindre une perfection qui confère à chaque page une intensité unique. Les expressions faciales sont d’un réalisme époustouflant : on ressent la douleur, la fatigue, la détermination ou le désespoir de chaque personnage à travers un simple regard.

Les scènes de basket, bien que moins présentes que dans Slam Dunk, sont d’une rare intensité. Inoue capture l’énergie et la tension du sport en fauteuil roulant avec une dynamique fluide et immersive. Les chocs, les efforts physiques et la stratégie des joueurs sont retranscrits avec une précision fascinante. De plus, les contrastes entre ombre et lumière, l’utilisation du vide et la composition des cases renforcent l’impact dramatique de l’histoire.

Real n’est pas simplement un manga de sport. C’est une histoire de résilience, d’acceptation et de quête de sens. Takehiko Inoue démontre une nouvelle fois son talent de conteur et de dessinateur en livrant une œuvre qui touche au plus profond. Il met en lumière des héros brisés mais terriblement humains, qui résonnent avec nous bien au-delà du basket.

À noter que le tome 16 débarque bientôt (en mars), après quelques années de pause !

En fin de compte, Real est une leçon de vie magistrale. Il nous rappelle que la défaite n’est pas la fin, que chaque chute est une opportunité de se relever, et que le courage se trouve dans les batailles que l’on mène contre soi-même. Une lecture essentielle, intense et bouleversante.

MA NOTE : 17,5/20

🫀 Founder Kazoku , anciennement skendolero.fr. ⛩️ Travel - Japon - Manga

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