Lire Lolita à Téhéran – La littérature comme acte de résistance

Le film Lire Lolita à Téhéran, adapté du best-seller autobiographique d’Azar Nafisi, est une œuvre profondément poignante qui interroge la liberté, la censure et la force de la littérature face à l’oppression. Réalisé par Eran Riklis, un cinéaste dont la mise en scène oscille entre sobriété et poésie visuelle, ce drame nous plonge dans l’Iran post-révolution de 1979, où une professeure de littérature anglaise décide de réunir un cercle clandestin d’étudiantes pour explorer des romans interdits.

Le Synopsis

Azar Nafisi (Golshifteh Farahani), professeure à l’université de Téhéran, réunit secrètement sept de ses étudiantes pour lire des classiques de la littérature occidentale interdits
par le régime. 

Alors que les fondamentalistes sont au pouvoir, ces femmes se retrouvent, retirent leur voile et discutent de leurs espoirs, de leurs amours et de leur place dans une société
de plus en plus oppressive. 

Pour elles, lire Lolita à Téhéran, c’est célébrer le pouvoir libérateur de la littérature.

D’après le roman autobiographique de Azar Nafisi.

Mon Avis

Dès les premières minutes, Lire Lolita à Téhéran impose un rythme feutré, où chaque mot, chaque regard, résonne avec une intensité rare. La lecture de Nabokov (Lolita), Austen ou Fitzgerald (Gatsby le magnifique) devient ici un acte de défi, une fenêtre ouverte sur un monde interdit aux femmes sous le régime des mollahs. Le film parvient brillamment à retranscrire cette dualité : d’un côté, la répression brutale qui pèse sur les héroïnes, et de l’autre, l’évasion offerte par la littérature, transformée en instrument de résistance.

Le scénario jongle habilement entre passé et présent, entre les souvenirs de la narratrice et les destins bouleversants de ses élèves, chacune symbolisant une facette de la féminité bridée par la dictature. À travers ces portraits intimes, le film ne se contente pas de dénoncer, il célèbre aussi la résilience et le courage de ces jeunes femmes prêtes à tout pour préserver leur droit à la pensée critique.

Une mise en scène tout en retenue

Le réalisateur choisit une approche épurée, presque documentaire, qui évite tout mélodrame excessif. Les scènes de lecture, ou même le club de lecture, propice à la clandestinité, contrastent avec les extérieurs oppressants de Téhéran, où chaque réunion devient un danger. Un jeu d’ombre et de lumière renforce la tension permanente qui habite le film, rappelant que le simple fait de rêver ou d’aimer peut être un crime dans une société où les femmes sont réduites au silence.

Les actrices livrent des performances bouleversantes, en particulier l’interprète d’Azar Nafisi, qui incarne avec une justesse admirable cette femme tiraillée entre son amour pour la littérature et son désespoir face à l’avenir de ses élèves. Chacune d’elles apporte une nuance, une émotion brute qui fait de Lire Lolita à Téhéran bien plus qu’un film à message : une véritable expérience humaine.

Un message intemporel

Au-delà de son contexte historique, Lire Lolita à Téhéran trouve un écho universel. Il interroge sur le pouvoir des mots, sur la capacité d’un livre à éveiller la conscience, et sur la nécessité de protéger la liberté d’expression dans un monde où elle est encore trop souvent menacée.

En sortant de la projection, on ne peut s’empêcher de repenser à nos propres lectures, à ces œuvres qui ont marqué nos esprits et façonné notre regard sur le monde. C’est là la force de ce film : il nous rappelle que la littérature n’est pas seulement un plaisir, mais une arme, un refuge et, parfois, un acte de rébellion.

Réalisé par Eran Riklis, connu pour son regard humaniste et ses œuvres engagées (Les Citronniers, La Fiancée syrienne), Lire Lolita à Téhéran s’annonce comme un cri de révolte et d’espoir, un hommage au pouvoir des mots face à la tyrannie.

À travers ce film, la littérature devient un symbole de liberté, une force qui transcende les interdits et ouvre les esprits. Un long-métrage à ne pas manquer, en salle le 26 mars 2025.

MA NOTE : 17,5-/20