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Ciné & Séries

Crasse – L’enfance cabossée dans les limbes d’une mémoire toxique

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Crasse est un film de Luna Carmoon. Ce premier long-métrage, viscéral et sensoriel, explore l’intimité d’une adolescente meurtrie dans l’Angleterre des années 80 et 90, entre amour étouffant, perte et renaissance. Un voyage dérangeant, presque fiévreux, au cœur des souvenirs qu’on ne digère jamais vraiment.

Le 11 juin 2025 en salle

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Le Synopsis

Londres, 1984: Maria, âgée de 7 ans, et sa mère vivent dans un monde bien à elles, tendre et singulier, tissé d’amour et de trésors amassés. Mais une nuit, tout bascule.

Dix ans plus tard, Maria vit une vie paisible dans sa famille d’accueil quand un jeune homme plus âgé, Michael, fait irruption dans leur foyer, ravivant des blessures enfouies et brouillant la frontière entre magie et folie…

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Mon Avis

Dès les premières minutes, Crasse donne le ton : celui d’un cinéma qui gratte, qui dérange, qui se refuse à lisser ses contours. Le film suit Maria, une jeune fille élevée dans un désordre affectif et matériel par une mère accumulatrice compulsive. Une mère aimante, mais débordée. Une mère présente, mais incapable de poser des repères stables. Une mère qui finit par disparaître.

Des années plus tard, Maria vit en foyer. Elle tente de construire quelque chose qui ressemble à une vie. Mais quand un jeune homme débarque dans sa vie — lui aussi porteur d’une blessure — ses souvenirs refont surface. Et avec eux, cette étrange attirance pour le chaos, pour le trouble, pour l’intensité d’un amour toxique mais réconfortant.

Luna Carmoon signe un film audacieux qui refuse toute forme de confort narratif. Elle travaille la matière même du souvenir, ses déformations, ses silences et ses fulgurances. Il n’y a pas ici de chronologie nette, mais une temporalité émotionnelle, où les époques se croisent, se contaminent, se superposent. Le passé revient comme une coulée de boue, épaisse et étouffante.

La caméra épouse le regard de Maria, ses hallucinations, ses obsessions, ses désirs troubles. Les couleurs saturées, les textures crades, les plans resserrés sur les corps et les objets créent un univers presque suffocant. Mais de cette noirceur surgit une poésie étrange, un cri d’amour déformé, une beauté brute, déchirée, comme une photo qu’on aurait trop exposée à la lumière.

Crasse n’est pas un film qui se raconte facilement. Il se vit, il se traverse, il dérange et parfois même il repousse (cc la scène du crachat dans la main, ou des cendres…). Il parle de deuil, d’identité, de transmission émotionnelle, de maternité brisée et d’amour mal canalisé. Il met en scène des corps qui cherchent à s’aimer mais ne savent plus comment, des âmes qui se cherchent dans les décombres d’une enfance ravagée.

Débordant de style et d’énergie, le film rappelle parfois le cinéma de Lynne Ramsay ou de Harmony Korine, mais avec une voix résolument propre. Luna Carmoon ne cherche pas à plaire. Elle impose une vision, frontale et viscérale, d’une génération perdue dans ses souvenirs et ses pulsions.

Le 11 juin 2025 en salle

Avec Crasse, elle signe un premier film coup de poing, organique, profondément féminin, où l’intime devient politique. Un cinéma de tripes, de cœur et de vertige.

MA NOTE : 14,5/20

🫀 Founder Kazoku , anciennement skendolero.fr. ⛩️ Travel - Japon - Manga

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