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Sushi Ichi – Quand la lame du Couteau raconte l’Histoire du Japon !

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Sushi Ichi est un manga d’Etsushi Ogawa. Ce manga culturel édité chez Kotodama (collection Docu-Manga des éditions Petit à Petit) nous plonge dans le Japon de la fin du XIXe siècle, à une époque charnière où tradition et modernité s’entrechoquent, le tout au fil d’histoires délicatement ciselées autour de l’art ancestral du sushi.

Le Synopsis

Goûter les meilleurs sushis d’Edo avec Sushi Ichi !

Taisuke, maître sushi, ne se contente pas de réaliser de délicieux plats : il se sert de son art pour apaiser les tensions de son quartier et régler les problèmes personnels de ses voisins.

⭐Dans les pages documentaires : Le lecteur pourra découvrir l’histoire du plat mythique qu’est le sushi, ses ingrédients phares, ses modes
de consommation et sa diffusion dans le monde entier.

Mon Avis

Ayant voyagé au Japon, et ayant aussi été cuisinier dans le passé, je sais à quel point l’art culinaire peut être porteur de culture, d’histoire et d’émotions. Derrière chaque plat, il y a un geste, une transmission, une mémoire collective. En découvrant Kotodama, la collection Docu-Manga des éditions Petit à Petit, j’ai immédiatement adhéré à cette volonté de partager la culture japonaise à travers le manga. C’est une initiative aussi intelligente que passionnante, qui mériterait d’être davantage mise en avant, notamment dans les écoles, car apprendre l’histoire d’un pays ou la richesse de ses traditions à travers un média aussi accessible et captivant que le manga, c’est tout simplement génial.

Avec Sushi Ichi, on ne se contente pas d’admirer des plats : on découvre comment une simple bouchée de riz vinaigré et de poisson cru peut révéler toute la complexité d’une époque, d’une culture, et même d’une âme. Car ici, chaque sushi raconte une histoire, chaque geste est une prière, et chaque dégustation devient un pont entre les hommes.

L’histoire s’articule autour de Taisuke, un maître sushi aussi habile de ses mains que bienveillant de cœur. Derrière son apparente désinvolture, il cache un regard profond sur le monde et les êtres. Au fil de plusieurs historiettes, il vient en aide à ceux qu’il croise — un samouraï en quête de sens, une femme prisonnière de ses principes, un policier rongé par la douleur — en leur offrant, par son art, un peu de réconfort et parfois même une voie vers la rédemption. Chaque rencontre devient ainsi une leçon d’humanité servie sur un plateau de riz tiède.

Ogawa livre ici un manga à la croisée du documentaire et du récit initiatique. Le trait, old-school et précis, rappelle celui des grands maîtres du manga des années 80 — un style dynamique, expressif, presque exagéré, qui souligne la puissance émotionnelle de la cuisine japonaise. On se surprend parfois à sourire devant ces fameuses « scènes d’extase gustative » (cc Food Wars ou FF XIV qui m’ont fait le même effet) où les personnages atteignent littéralement le nirvana culinaire à la première bouchée, mais il est difficile de ne pas se laisser happer par cette exubérance pleine de sincérité.

Ce premier tome a le goût de la découverte et de la nostalgie. On y sent la vapeur du riz, le clapotis des ruelles d’Edo, le frémissement d’un Japon encore divisé entre son héritage et l’influence de l’Occident. L’auteur en profite pour livrer un véritable panorama culturel : au-delà des sushis, il évoque la société en pleine mutation, la disparition des samouraïs, la montée d’une nouvelle classe urbaine, et les tensions sociales de l’époque. Le manga fait le pari d’enseigner sans alourdir, en nous plongeant dans des scènes de vie simples mais profondément humaines.

Les pages documentaires en fin d’ouvrage complètent parfaitement cette approche. Elles offrent un regard historique précis sur l’évolution du sushi, ses techniques, ses ingrédients, et ses symboliques, tout en renvoyant à des sources historiques et artistiques (estampes, ouvrages, autres mangas culinaires). On apprend autant qu’on savoure.

Sushi Ichi réussit ainsi un pari rare : allier plaisir de lecture, richesse culturelle et émotion sincère. Si certaines scènes peuvent surprendre par leur sensualité débridée, elles s’inscrivent finalement dans une logique de passion et d’exaltation du goût, plutôt que dans une simple provocation. C’est un manga qui parle du lien entre l’homme et son art, du pouvoir réparateur de la cuisine, et de la beauté d’un geste transmis à travers les siècles.

Une lecture à la fois savoureuse, poétique et éducative, à déguster lentement, comme un sushi parfaitement façonné : simple en apparence, mais d’une profondeur insoupçonnée (Ca y est, j’ai faim !! Et je veux repartir au Japon !!).

MA NOTE : 17/20

🫀 Founder Kazoku , anciennement skendolero.fr. ⛩️ Travel - Japon - Manga

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