Légendes, Mythes et Insolite
King Von, Le premier tueur en série du Rap ? – L’histoire du Démon de Chicago !
Imagine un instant : tu es riche, célèbre, adulé par des millions de fans. Tes clips font des millions de vues, ton nom résonne bien au-delà de ton quartier. Et pourtant, malgré tout ça, tu refuses de quitter la rue. Pire encore : tu continues de provoquer, de menacer, de te vanter publiquement des morts que tu as laissées derrière toi.
King Von, de son vrai nom Dayvon Daquan Bennett, n’a jamais cherché à séparer sa musique de sa réalité. Chez lui, le rap n’était pas une échappatoire mais une extension directe de la violence.

Né le 9 août 1994 à Chicago, King Von grandit dans un environnement rongé par les guerres de gangs. Élevé par sa mère, avec un père quasi absent – incarcéré puis assassiné peu après sa libération – il découvre très tôt que la mort fait partie du décor.
Cette perte marque profondément l’enfant qu’il est encore. Malgré une scolarité correcte au départ, la rue finit par prendre le dessus. Les fréquentations changent, les règles aussi. À Chicago, surtout dans certains quartiers, apprendre à survivre signifie souvent apprendre à frapper le premier.
Très jeune, King Von se retrouve mêlé à des délits, puis à des crimes plus sérieux. Les bagarres avec les Gangster Disciples, ennemis jurés de son camp, sont fréquentes, y compris à l’école. Peu à peu, l’idée de venir armé devient une évidence. À 15 ans, il est arrêté pour vol de voiture à main armée. Il évite la prison pour mineurs et est envoyé dans un boot camp militaire, une expérience qui le durcit encore davantage. À sa sortie, quelque chose bascule définitivement.
Le 9 août 2012, jour de ses 18 ans, sa vie prend un tournant irréversible. Alors qu’il se rend dans une épicerie près de Parkway Gardens, son meilleur ami White White est abattu devant le magasin par un membre ennemi.

King Von assiste impuissant à la scène. Ce jour-là, il perd ce qu’il lui restait de retenue. Dans un environnement où les meurtres restent souvent impunis, il comprend qu’il peut frapper sans forcément payer le prix.
Deux mois plus tard, le 14 octobre 2012, King Von commet son premier meurtre confirmé. Il abat Malcolm “Modell” Stuckey, affilié à un gang rival. Dix-sept minutes après les faits, il tweete froidement : “Who dead?” Comme un défi lancé au monde.

Moins de deux semaines plus tard, le 30 octobre 2012, un autre homme, P5, est exécuté. Là encore, Von célèbre publiquement la mort sur Twitter. La violence devient un spectacle et la provocation une signature.
Arrêté à plusieurs reprises, interrogé, puis relâché faute de preuves, King Von gagne une réputation terrifiante. En 2014, à peine sorti de prison pour possession d’armes, il replonge aussitôt.


Avec son nouveau meilleur ami, T. Roy, il terrorise les rues. Cette période coïncide avec l’explosion de la drill à Chicago, portée par Chief Keef. La musique devient une arme supplémentaire. Les morceaux servent à humilier les morts, provoquer les vivants et attiser les guerres de gangs.
L’un des épisodes les plus marquants reste l’assassinat de Gakirah “KI” Barnes, une figure redoutée du camp adverse. Après des années de provocations sur Twitter, elle est abattue le 11 avril 2014, touchée à neuf reprises. Selon le FBI, King Von était présent sur les lieux, prêt à intervenir. Le lendemain, il est interrogé… puis relâché. Encore une fois.
Mais la spirale finit par le rattraper. Impliqué dans une fusillade qui coûte la vie à une victime collatérale, Von est arrêté et passe près de trois ans et demi en prison. Derrière les barreaux, il apprend la mort de T. Roy, puis découvre que Big Mike, un proche, envisage de coopérer avec les fédéraux. Le climat est paranoïaque, instable. Pourtant, contre toute attente, les charges tombent. King Von est libre.
C’est là qu’intervient Lil Durk. Le rappeur le prend sous son aile et l’aide à lancer sa carrière. Les clips s’enchaînent, les vues explosent. King Von devient une superstar montante. Mais contrairement à d’autres, il ne cherche jamais à se détacher de son image de gangster.


Il le dit lui-même : il préfère être reconnu comme un criminel que comme un artiste. Ses morceaux, comme Took Her to the O, racontent sans détour des scènes de meurtres inspirées de faits réels. Le succès est mondial.
Ses ennemis, eux, ne disparaissent pas. Le clash avec FBG Duck atteint un point de non-retour. Provocations, lives Instagram, diss tracks, contrats posés sur des têtes… Jusqu’au jour où Duck est abattu en plein centre de Chicago, dans une zone touristique bondée. Même si King Von n’est jamais officiellement impliqué, il célèbre la mort sans retenue. Le FBI, cette fois, se penche sérieusement sur l’affaire.
Mais King Von n’aura jamais à affronter un procès pour ces crimes. Le 6 novembre 2020, à Atlanta, une altercation éclate à la sortie d’une boîte de nuit. King Von s’en prend à Quando Rondo. La bagarre dégénère. Un proche de Rondo sort une arme. King Von est touché mortellement. Il meurt quelques heures plus tard, à 26 ans.
Aujourd’hui, son nom reste gravé dans l’histoire du rap américain, mais l’héritage de King Von est profondément dérangeant. Il incarne cette frontière floue entre récit artistique et réalité criminelle. Un homme qui a transformé ses meurtres en storytelling, sa violence en succès commercial.
King Von aurait pu devenir l’un des plus grands noms du rap. Mais Chicago ne pardonne pas. Et dans une ville où la musique n’est parfois qu’un prolongement de la guerre, le démon de Chicago a fini par être rattrapé par la rue qu’il n’a jamais voulu quitter.
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