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Interview

La romance selon Oreco Tachibana, la Mangaka des Noces des Lucioles

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De passage en France à l’occasion de Japan Expo, Oreco Tachibana, l’autrice des Noces des Lucioles et de Promise Cinderella, a donné une conférence de presse la veille du salon. En toute intimité, elle nous raconte comment l’écriture de ses œuvres l’a aidé a surmonté sa timidité, mais aussi d’où elle puise son inspiration pour inventer ses personnages et ses récits. La conférence avait lieu dans le cadre exceptionnelle de la Maison de la Poésie à Paris.

Oreco Tachibana à la conquête de la France

C’est la première fois qu’Oreco Tachibana met les pieds hors du Japon. Elle découvre donc la France et sa culture et montre déjà un intérêt certain pour la cuisine de notre pays ! “Il paraît que la cuisine française est délicieuse” commence-t-elle, “j’aimerais manger différentes choses, notamment du pain, que j’apprécie particulièrement”. Et comment parler de gastronomie française sans évoquer le fromage ?! “Je n’aimais pas le fromage au Japon ; mais hier soir au restaurant, il y avait un plateau avec plein de sortes de fromages et j’ai tout mangé. J’ai découvert vraiment la variété de fromages français et j’adore” explique-t-elle.

Au moment de cette conférence, nous sommes le 2 juillet, veille donc du salon Japan Expo, et Tachibana-sensei est particulièrement stressée. “Je suis très timide, et je n’arrive pas à parler devant un grand public. J’ai le trac à 100%”, on espère que cette entrevue en petit comité saura la détendre un peu ! Au cours de cette convention, 2 séances de dédicaces sont prévues jeudi et samedi ainsi qu’une masterclass.

Les Noces des Lucioles. Une série en cours avec 8 tomes au Japon. Les 4 premiers sont déjà sortis en France chez Glénat.

  • Durant l’ère Meiji, Satoko, une jeune femme issue d’une famille prestigieuse, est atteinte d’une maladie au cœur. Les médecins ont estimé qu’elle aura une faible espérance de vie. Afin qu’elle puisse vivre heureuse, son vieux père fait tout son possible pour la marier à quelqu’un qui prendra soin d’elle. Un jour, Satoko est kidnappée par des bandits qui ont été engagés pour la tuer. Afin de survivre, elle propose à Shinpei, un homme dérangé et assassin de légende, de se marier à lui. S’ensuit alors une histoire d’amour hors du commun.

Promise Cinderella. Une série finie au japon en 16 tomes. Les 4 premiers volumes sont aussi déjà disponibles en France chez le même éditeur.

  • Hayame mène une vie modeste et paisible en tant que femme au foyer. Un jour, elle rencontre un étudiant nommé Issei. Alors que la vie de Hayame s’effondre autour d’elle, Issei fait une proposition inattendue qui va bouleverser sa vie.

Parcours & influences

Oreco Tachibana apprend seule à dessiner. Durant la conférence, elle nous explique qu’elle s’est beaucoup renseignée sur le corps humain. Elle lit de nombreux livres et regarde des documentaires pour mieux comprendre l’anatomie. La mangaka est passionnée par le dessin, mais n’a malheureusement pas trop de temps pour expérimenter de nouvelles choses. “Quand je suis sur une série, il faut que je me concentre dessus, donc je n’ai pas beaucoup de temps pour m’exercer. Mais entre deux projets, ça m’arrive de le faire”.

Alors justement, comment ça se passe lorsque Tachibana-sensei travaille sur un de ses mangas ? Avant d’écrire, elle a déjà certaines scènes et images dans sa tête. “J’essaie de dessiner en visualisant précisément cette scène”.

Elle explique que ses œuvres lui font souvent penser à des séries TV, mais que ce sont surtout des films qui l’ont inspiré. Titanic et Mr & Ms Smith étant ses longs-métrages préférés, on le ressent clairement dans sa manière de créer des relations amoureuses entre ses personnages. L’autrice cite aussi un drama coréen : Crash landing on You, comme étant sa série préférée.

En réalité, Oreco Tachibana s’inspire d’absolument tout ce qui l’entoure. Elle nous dévoile que ses discussions avec son mari l’inspirent beaucoup. “C’est le moteur de mes oeuvres” souligne-t-elle. “Même ici en France, lorsque je parle avec des Français, cela peut m’inspirer de nouvelles choses pour mes histoires !

La dessinatrice fait ses débuts sur la plateforme Manga One avec Promise Cinderella. Une plateforme peu connue en France. Aujourd’hui Les Noces des Lucioles y paraît également. C’était une première pour elle qui n’avait jamais été publiée avant. Elle décrit cette expérience avec la plateforme comme “assez libre” en termes de “rythme de travail et de conception”. “J’en suis très contente et je compte bien y rester” affirme-t-elle.

Dans une interview, Oreco Tachibana a exprimé son intérêt pour les couples psychopathes. C’est de cet intérêt qu’est né son manga Les Noces des Lucioles. Pour cela, elle n’avait pas particulièrement de référence en termes d’œuvres, mais le caractère de Satoko et Shinpei lui ont été inspirés en lisant d’autres mangas japonais.

Pour rendre la tension romantique efficace dans ses œuvres, la mangaka prend soin d’étudier différents angles du corps humains sous différentes perspectives. Elle tente de choisir l’aspect qui sera le plus efficace pour chaque scène. Selon elle, “c’est pareil pour tous les mangakas”, mais alors comment se différencier des autres ? Surtout dans une ère où la romance est très à la mode.

Créer des personnages qui donnent envie aux lecteurs

Pour les histoires de romance, je pense qu’on a pas le choix : elles sont toutes pareilles”. Mais elle nuance : “j’essaye de me différencier des autres mangakas en créant des situations originales”. Elle apporte un soin tout particulier aux expériences personnelles et se base principalement sur les siennes pour écrire ses œuvres.

De cette manière, elle tente de donner une expérience plus proche du réel. Mais ce sont aussi ses personnages qui donnent le change. “Pour moi, ce sont les personnages qui sont le plus important. Donc j’essaye de les créer pour donner envie aux lecteurs de lire jusqu’à la fin”.

Oreco Tachibana se décrit elle-même comme ‘réservée’ et ‘timide’. “Je n’arrive pas à dire ce que je pense, je suis comme ça”. Elle voulait faire un personnage principal à l’opposé d’elle. Cela passe donc par la création de personnages féminins extraverties. “J’ai eu envie de dessiner un personnage qui est le contraire de moi, qui est déterminé. Pareil pour les autres personnages féminins, j’aimerais qu’elles soient toutes comme ça”.

Même s’il semblerait que créer des héroïnes inspirantes soit un parti pris pour l’autrice, elle nuance : “c’est important de pousser le lecteur dans une direction particulière, certes. Mais d’abord, il faut que ça me plaise moi, c’est ça le plus important pour moi”. Elle insiste sur le fait qu’elle veut que ses personnages la touchent personnellement. “J’aimerais que Satoko fasse plein d’expériences et qu’elle surmonte des situations difficiles, mais qu’elle finisse par s’en sortir !

Dans les Noces des Lucioles, mais aussi dans Promise Cinderella, Oreco Tachibana met au centre de ses récits des duos forts. “J’aime l’idée d’avoir un couple très fort et c’est ce que j’essaye de développer. Je joue avec l’équilibre entre ces deux personnalités fortes”. Un équilibre qu’on retrouve dans sa première série malgré la différence d’âge entre Issei et Hayame (d’une dizaine d’années). Si, en tant qu’européens, le concept pourrait nous déstabiliser un peu, la mangaka l’assume complètement : “après avoir accouché de ma fille, j’ai eu l’impression que les hommes étaient très mignons. J’ai imaginé que s’il y avait dix ans de décalage, peut-être qu’ils deviendraient encore plus mignons. C’est ce qui m’a inspirée pour Promise Cinderella.

En effet, son mari est à l’origine du personnage de Hayame. “C’est quelqu’un qui dit les choses de manière très franche et forte”. Alors que l’autrice est plutôt réservée, elle aimerait s’exprimer comme Hayame lorsqu’elle parle à son mari. Oreco Tachibana estime qu’elle a réussi à surmonter un peu sa timidité envers son mari grâce à l’écriture de ce manga.

Une romance à l’ère Meiji ?

Même si elle n’a plus rien à prouver quant à la qualité et l’originalité de ses romances, avec Les noces des lucioles, elle fait le choix audacieux de planter son décor dans l’ère Meiji.

  • L’ère Meiji (明治時代, Meiji jidai) est une ère de l’histoire du Japon comprise entre 1868 et 1912. Elle se situe entre l’ère Keiō (fin de l’époque d’Edo) et l’ère Taishō.

L’autrice a fait beaucoup de recherches sur cette ère. “J’ai lu plein de livres, j’ai consulté des archives et je suis même allée au musée (maison close de l’époque)”. Elle poursuit : “je crois qu’en France, les nobles existaient aussi. Au Japon, on les appelait ‘kazoku’ et donc j’ai fait des recherches là-dessus. Et je pense que les assassins existaient encore à cette époque”. Tous les éléments de cette période font que Tachibana-sensei a pu retranscrire une certaine cruauté. C’est justement ce qu’elle voulait dessiner et l’ère Meiji lui paraissait donc la plus adaptée.

La mangaka n’a pas de mal à assumer qu’elle veut simplement parler de ce qu’elle aime et ce qui lui fait plaisir ! Ses mangas semblent être des revisites d’intrigues populaires auxquelles elle ajoute des enjeux modernes. Amours impossibles, mariages arrangés, différences de statuts sociaux ou d’âge…

Lorsqu’on lui demande si elle souhaite représenter des problématiques de notre société actuelle à travers ses œuvres, elle répond : “peut-être allez-vous être déçue par ma réponse, car dans ma tête il n’y a pas tous ces problèmes. Je ne pense pas vraiment à ces différences d’âge ou de classe. Ce que j’aime, c’est dessiner des histoires qui m’attirent. Si le résultat de mes activités influence beaucoup de fans, de lecteurs, si vous aimez mes œuvres, c’est vraiment impressionnant pour moi. Donc je suis très contente”.

Être mangaka, le défi d’une vie

Pour sa dernière série en cours, l’autrice avait en tête de faire 5 ou 7 tomes, “mais en la dessinant, l’envie d’en faire davantage m’a prise” explique-t-elle. Finalement, ça sera sûrement fini en 11 ou 12 volumes. Mais alors, imagine-t-elle la conclusion de ses œuvres dès qu’elle commence à dessiner ? “Oui, je décide déjà de la fin, mais ça change tout le temps. C’est car je change tout le temps d’avis sur mes œuvres”. Oreco Tachibana continue en nous donnant son ressenti sur son métier. Le plus grand défi d’un auteur, selon elle, arrive lorsque : “ce que le mangaka veut dessiner ne correspond pas forcément à ce que le public veut lire”. Jusque là, elle admet avoir la chance que tout ce qu’elle crée soit aimé de son public. “Cet équilibre me convient et ça me permet de pouvoir vivre de ma passion en tant que mangaka !

Promise Cinderella a d’ailleurs eu la chance de s’exporter sur le petit écran dans une série live-action, une expérience qui a rendu l’autrice très heureuse ! “Chaque semaine, à sa diffusion, j’étais devant ma télé avec mon portable en main pour pouvoir échanger avec les fans”.

Tachibana-sensei s’est même rendue sur le plateau de tournage et a tiré un mini-manga de ses observations sur place. La mangaka a réalisé quelques vérifications sur les scénarios, notamment sur les dialogues. Mais c’est son Tantô qui s’est principalement occupé du gros travail de vérification.

Live-action Promise Cinderella par Oreco Tachibana
Affiche du live-action de Promise Cinderella

Elle aimerait beaucoup voir son autre série, Les noces des Lucioles, également adaptée, mais plus particulièrement en anime ! Lorsqu’on lui demande quelle type de voix elle imagine pour ses deux protagonistes, elle répond qu’elle voudrait une voix plutôt ‘enfantine’ pour Shinpei. Tandis qu’elle aimerait une voix calme et posée pour Satoko.

Les projets d’Oreco Tachibana

L’autrice connaît actuellement un franc succès. Forcément, on se demande donc comment se profile la suite pour elle. “Il y a beaucoup d’histoires que j’aimerais dessiner. Il y a trop d’idées dans ma tête. Mais j’essaie de ne pas trop y penser car je dois me concentrer sur ma série actuelle”.

Si toutefois, elle devait réaliser une nouvelle série, cela serait très probablement “un drame humain dans le milieu du sport”. Ce qui est sûr, c’est qu’on a tous hâte de voir ce que cela pourrait donner !

Journaliste anime/mangas ⛩ Chroniqueuse chez Le Cri du Mochi🕵🏽‍♀️ YouTubeuse à mes heures perdues

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