

Mangas
DogsRed – Le patinage de la Rage
Dogsred est un manga de Satoru Noda. Ce shōnen sportif édité chez Ki-oon nous projette sur la glace, là où les rêves brisés patinent au contact d’une réalité bien plus rugueuse que celle des podiums. Exit les arabesques du patinage artistique, place aux tacles et aux heurts du hockey sur glace. L’auteur de Golden Kamui revient à Hokkaido, non plus pour raconter les légendes aïnous, mais pour explorer une rage adolescente aux reflets de givre.



Le Synopsis
Jeune espoir national du patinage artistique, Rou Shirakawa gâche sa carrière quand il est pris d’un accès de violence inexplicable devant les caméras du Japon entier. Il vient pourtant de remporter un tournoi décisif grâce au programme préparé par sa mère et entraîneuse, décédée quelque temps plus tôt dans un accident…
La disgrâce s’ajoute au deuil et l’orphelin n’a d’autre choix que de s’installer chez son grand-père à Hokkaido, dans le nord du pays. Sur ces terres gelées, le hockey sur glace règne en maître et les membres de l’équipe du lycée local sont des stars. Pour un Rou obsédé par l’élégance, ce sport n’est qu’une lutte barbare… mais il pourrait aussi être sa dernière chance de rechausser les patins pour atteindre de nouveaux sommets !
Avec son sens inné du spectacle et de l’humour, Satoru Noda (Golden Kamui) donne tout pour transmettre sa passion pour le hockey sur glace, sport de compétition aussi beau que brutal. Que vous soyez adepte ou non, montée d’adrénaline garantie !
Mon Avis
Rou Shirakawa est un prodige. Le genre de gamin qui fait chavirer les caméras, les juges, les cœurs… jusqu’à ce qu’il déraille. Après avoir remporté un tournoi de patinage artistique sous les projecteurs d’un Tokyo bouillonnant, le jeune garçon perd pied. Sa mère vient de mourir, la pression explose, et lui aussi : un coup de poing plus tard, il est banni du circuit professionnel à vie. Voilà l’enfant étoile condamné à l’exil, direction le nord, la neige et le silence d’Hokkaido.

Ce premier tome, c’est un virage brutal. Rou débarque dans une bourgade paumée, escorté par sa sœur jumelle, Haruna, elle aussi sacrifiée sur l’autel du drame familial. Là-bas, chez leur grand-père taiseux, la glace n’est plus scène mais arène. Car à Onishi, c’est le hockey qui règne. Un sport rude, bruyant, collectif… tout l’inverse de ce que Rou a connu.
Pourtant, malgré lui, malgré son rejet affiché du monde, malgré son mépris des sports d’équipe, il va enfiler les gants. Pour aider une bande de collégiens condamnés à jouer leur dernier match. Par fierté ? Par ennui ? Par besoin de se sentir vivant ? Sans doute un peu tout ça.
Et soudain, la magie opère. Non pas celle du grand retour d’un prodige déchu, mais celle d’un patin qui fend la glace avec grâce au cœur du chaos. Le passé de Rou ressurgit dans chacun de ses mouvements, créant un contraste fascinant entre la brutalité du hockey et la poésie involontaire de sa gestuelle. Même s’il ne comprend rien aux règles, même s’il ne connaît pas son équipe, Rou impose sa propre partition sur cette scène inattendue. Face à lui : Keiichi Genma, prodige local du hockey et rival désigné. Leurs confrontations font des étincelles.

Satoru Noda ne signe pas ici un simple manga sportif. Dogsred parle de reconstruction, d’orgueil cabossé, de liens humains qui se tissent dans le froid.
Le trait est reconnaissable entre mille : anguleux, expressif, vif. Il y a une énergie folle dans ces planches, un sens du mouvement qui épouse à merveille les accélérations, les corps en déséquilibre, les regards chargés. Les personnages secondaires ne sont pas en reste : Haruna, dont la douleur affleure en silence, et le grand-père, figure rugueuse du passé, méritent leur part de glace.

Plus qu’une œuvre sur le sport, Dogsred est un manga sur la collision entre deux mondes. Celui de l’élégance solitaire et celui de la lutte collective. Celui d’un enfant qui brillait et celui d’un ado qui chute. Mais surtout, c’est le récit d’une lente renaissance. Une promesse. Celle que même les trajectoires brisées peuvent encore tracer de belles courbes, sur une glace pas si lisse qu’elle n’y paraît.
MA NOTE : 16/20

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