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Interview

Interview de Gastronogeek, Le chef qui cuisine la pop culture

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Lors de Japan Expo 2025, Kazoku a eu la chance de faire l’interview de Gastronogeek, alias Thibaud Villanova. Thibaud partage avec passion sa vision à l’intersection de la gastronomie et de l’imaginaire geek.

Gastronogeek alias Thibaud Villanova

Qui est Gastronogeek ?

Connu sur les réseaux sous le nom de Gastronogeek, Thibaud Villanova est l’auteur de livres de cuisine dont les recettes s’inspirent directement de la pop-culture. Présent à Japan Expo, il confie sa passion pour la pop culture japonaise, qu’il cultive depuis l’enfance.

Membre de la génération Club Dorothée, il a publié des livres de recettes tout droit tirées de Zelda, Food Wars, des films Ghibli, ou bien encore de Genshin Impact.


Auteur, créateur de contenu mais aussi chef, Thibaud Villanova puise ses racines culinaires dans son héritage familial : il est fils de boulanger et petit-fils de cuisinière. Autodidacte, il a su marier cette richesse gastronomique à sa connaissance de la pop-culture pour élaborer des recettes originales.

Ce parcours, à la fois atypique et inspirant, témoigne d’une créativité remarquable. On le retrouve sur Instagram, TikTok et YouTube, il possède également plusieurs podcasts, ainsi qu’une chaîne Twitch où il partage en direct ses sessions gaming, ses discussions et ses démonstrations culinaires, seul ou en compagnie d’invités.

Petit tu as baigné dans la pop culture et la gastronomie. Est-ce que tu savais plus jeune que tu voudrais en faire ton métier ?

Non, pas du tout. Je pense que ce n’était pas dit, mais mon père, il avait un taf tellement difficile que je pense qu’il aurait préféré que je fasse tout sauf ça. Tu ne veux pas que tes gamins soient cuisiniers. Tu préfères qu’ils soient avocats, docteurs, qu’ils gagnent bien leur vie, même si tu ne te rends pas compte que c’est quand même des métiers durs à leur manière. Tu préfères leur éviter une certaine pénibilité.

Donc mes parents, ils avaient plutôt envie que je fasse autre chose. Du coup, je n’ai pas vraiment été guidé vers ça, bien au contraire.

Comment t’est venue ce déclic d’allier pop culture et cuisine ?

C’est un peu un alignement de planètes ! En 2013, je bosse dans un lieu à Paris où on fait du pop culturel. En parallèle, moi je suis un geek première génération, donc on se moquait de moi au lycée. J’en retire rien de négatif. Mais j’ai connu l’époque où quand tu disais que tu regardais des animés ou jouais aux jeux vidéo, c’était beaucoup plus commun qu’on se moque de toi.

J’ai connu ça en parallèle à l’essor des séries télévisées, l’essor des Lost, des Breaking Bad etc. Il y avait aussi l’explosion du Marvel Cinematic Universe : les super-héros, tout le monde s’en empare. Les émissions de cuisine, toutes les chaînes de télé se dotent de leur propre émission. Tout le monde cuisine, utilise son imaginaire pour s’inspirer.

À ce moment-là, je fais juste le lien entre tout ça en mode : « c’est sympa qu’on se moque de nous, nous les geeks, mais dans Harry Potter, les mecs mangent tout le temps, dans le Seigneur des Anneaux pareil, dans Zelda pareil ». Je me suis demandé : comment prolonger l’immersion dans ces univers avec la cuisine ? J’ai travaillé le truc, et puis ça s’est fait assez naturellement. J’avais la connaissance et l’expérience des références pop-culturelles et en parallèle j’avais des bases de cuisine assez larges pour comprendre qu’on pouvait faire quelque chose.

Je pense que j’ai eu l’idée au bon moment, entouré des bonnes personnes.

Est-ce que tu te souviens de ta première recette alliant pop culture et cuisine ?

On a fait un dessert marquant, qui a plu, et on s’est dit « OK, c’est cool, on l’a fait une fois, on ne refera plus jamais ça. » En réalité, on a fait un truc cosmétique : l’œil de Sauron, un dessert dans mon premier livre Seigneur des Anneaux. Une tartelette orange gingembre chocolat noir pour reproduire l’œil de Sauron en pâtisserie. Les gens ont trouvé ça très bon et on s’est tout de suite dit :

« On n’est pas là pour faire du cosmétique, l’idée c’est maintenant de faire du rôleplay : comme le cosplay, mais en nourriture, reproduire le plus fidèlement possible la référence. »

Tu dis « on », est-ce que tu collabores sur tes recettes avec d’autres parties ?

Non. La partie recette, création pure, c’est moi solo. Je ne la partage pas, c’est mon apport personnel. Je m’entoure d’une équipe pour le reste : Bérangère la directrice artistique, le photographe, la styliste photo. Moi, j’assure le dressage des assiettes et je livre les objets présents dans la photo pour être en cohérence avec le récit.

L’objectif, c’est que la photo soit immersive. Le spectateur doit avoir l’impression d’être assis à côté de son héros en train de manger. Je veux montrer qu’on comprend la référence, qu’on fait partie de la communauté.

Les recettes, c’est solo ; le reste, c’est en équipe.

Tu as un livre de recettes végétariennes. Est-ce que tu comptes un jour te pencher sur d’autres régimes alimentaires comme anti-inflammatoire, végétalien ou autre ?

Alors, le végétalien, c’est particulier. On a mis recettes végétariennes, mais 90% du contenu du livre peut être véganisé : on donne des astuces. Moi, je ne suis pas végan, donc je n’avais pas la légitimité de dire « mangez végan ».

Les régimes anti-inflammatoires, sans gluten… Je ne suis pas formé en nutrition, donc je ne me sens pas légitime pour enseigner ça. Peut-être un jour, si je forme une équipe ou que j’apprends suffisamment. Pour l’instant, ce n’est pas défini.

Cette année tu sors deux livres, tu as sorti Air Fryer & Co. en février et tu comptes en sortir un à la fin de l’année. Comment fais-tu pour tenir la cadence entre tweets ?

Le café ! *rires*

Plus sérieusement, j’ai la chance d’avoir une communauté géniale, qui me fait confiance et me force à me remettre en question à chaque fois. Elle grandit de jour en jour ! Le fait que ça marche depuis dix ans, j’en suis très heureux et reconnaissant.

Je vis chaque journée comme si demain quelqu’un éteignait le bouton : tu n’intéresses plus personne, on ne connaît plus tes livres. Je me bats chaque jour sur cette base.

Aujourd’hui, en plus d’être créateur et auteur, je suis chef d’une petite entreprise. J’ai à cœur que mes salariés et équipes soient confortables. Si je n’ai pas d’idées, on ne paie pas les salaires ; c’est une responsabilité que j’assume. La création est un entraînement quotidien, sans talent intrinsèque, mais avec du travail.

Evidemment il y a des jours de page blanche, de remise en question, mais il faut les dépasser et avancer.

C’est super inspirant. Est-ce que tu aimerais dire une dernière chose à ceux qui nous regardent ?

Faites vous à manger, faites des économies, dépensez votre temps à cuisiner plutôt qu’à acheter des trucs pas bons. Vous savez de quoi on parle : si vous croyez que vous n’avez pas le temps, prenez-le.

Prenez soin de vous en cuisinant pour ceux que vous aimez. Ne croyez pas que vous n’avez pas assez d’argent ni de temps, ou que c’est trop difficile !

Commencez simplement, et vous verrez, ça va changer votre vie.

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