Interview de Romain Régnier, PDG de Mangas.io

À l’occasion du Festival International de la BD d’Angoulême 2024, nous nous sommes rendus à la soirée organisée par la plateforme Mangas.io et avons pu échanger avec son jeune créateur Romain Régnier.

Peux-tu nous présenter Mangas.io ?

Mangas.io est la 1ère application de lecture de mangas par abonnement. Nous sommes présents en France ainsi que sur tous les territoires francophones, et nous comptons aujourd’hui 22 éditeurs partenaires et environ 250 licences de mangas différentes sur la plateforme, ce qui représente un catalogue de plusieurs milliers de titres disponibles. Nous sommes très fiers d’être en pleine expansion et de grandir à ce point. 

Nous avons dépassé les 200 000 inscrits sur la plateforme en France, nous nous sommes lancés en mai 2020 en privé, bêta public en août 2020 sur le web, version mobile bêta disponible en 2021, et version 1 (officielle) disponible en juillet 2022 sur les stores avec le paiement mobile. C’est donc une aventure toute récente de 2 ans qui se met en marche.

Nous venons d’ailleurs d’annoncer un nouveau partenariat avec les éditions Soleil !

Vous avez organisé une soirée à bord de la péniche « la reine Margot » avec un superbe buffet, à quelle occasion était-ce proposé ? Quelle en était l’initiative ? 

C’est un afterwork que nous avons organisé en partenariat avec Taicca, qui est l’agence culturelle Taiwanaise, l’idée était de faire découvrir ce que propose cet organisme, notamment avec le  T-manga, appellation pour les mangas taiwanais, que l’on propose également sur notre application mangas.io, plus d’une dizaine sont déjà disponibles. 

Nous avons couplé ceci avec un buffet concocté par Ajia, un restaurant taiwanais à Paris tenu par la cheffe Kay. Nous avons aussi distribué des gift bags avec des produits contenant des mangas justement taiwanais, qui étaient apportés notamment par Nazca et d’autres éditeurs partenaires.

L’idée était de rassembler tout les personnes gravitant autour de ce milieu, tout l’écosystème manga qui travaille avec nous, que ce soit des éditeurs (Glénat, Kana pour ne citer qu’eux), des partenaires divers et variés, des gens influents dans les domaines du manga, du webtoon, comme le journaliste Charles Devienne, créateur du podcast français Pain sur la planche ou encore le non moins connu YouTuber le Chef Otaku. 

Comment se passent les partenariats et l’acquisition de droits envers les maisons d’édition ? 

En règle générale les droits numériques sont déjà vendus avec les droits papiers pour les maisons d’édition françaises, ce qui veut dire que nous travaillons d’abord avec ces maisons d’édition françaises pour essayer d’obtenir les droits de distribution sur Mangas.io.

Ces maisons d’éditions françaises vont quant à elle demander aux éditeurs japonais l’autorisation de mettre à disposition les titres qui nous intéressent sur la plateforme. 

Quels sont les projets à venir ? 

Conquérir le monde (rires).

Plus sérieusement, l’objectif de Mangas.io est de devenir une application multilingue. 

Nous allons tout d’abord nous concentrer et nous développer sur les marchés européens dans un premier temps, avec en premières cibles  l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie.

Il y a évidemment encore beaucoup à faire sur le marché français, nous allons continuer à séduire de nouveaux éditeurs, rajouter de nouvelles licences, développer la simultrad (pour permettre aux lecteurs français de lire le même jour que les Japonais le dernier chapitre de leur manga favori) qui manque cruellement sur  Mangas.io pour vraiment être une alternative solide face au piratage. Il y aura également des sujets de distribution et de massification d’accès à Mangas.io à consolider.

Nous allons également proposer d’autres verticales, nous avons développé le quartier manga l’année dernière, et avons fait des partenariats avec des marques comme Tgv Inouï de chez SNCF, McDonald’s, le projet étant de démultiplier ces partenariats pour être accessibles auprès du plus grand nombre, et ainsi faire en sorte que Mangas.io devienne aussi célèbre que Netflix.

En parlant d’accessibilité, est-ce que Mangas.io a prévu un format de lecture audio pour un public en situation de handicap ? 

C’est un sujet d’actualité auquel nous nous intéressons fortement, la démarche est prise très au sérieux, nous avons commencé à explorer quelques pistes, et nous en avons parlé à des plateformes spécialisées technologiquement pour rendre les bandes dessinées plus atteignables de tous.

C’est un très gros effort technique de déploiement à réaliser, nous devons le séquencer, d’abord se focaliser sur le fait d’élargir notre catalogue, notre audience et évidemment s’intéresser aux sujet d’accessibilité qui deviennent petit à petit une obligation, et qui favorisent cet accès à la culture aux personnes en situation de handicap.  

As-tu une œuvre coup de cœur dans le catalogue Mangas.io que tu pourrais recommander à nos lecteurs ?

C’est très compliqué de donner une préférence compte tenu du vaste choix que nous proposons. Si je devais n’en citer une, ce serait Psyren de Iwashiro Toshiaki, une super œuvre que je trouvais minorée au moment de sa sortie, et qui traite de sujets d’actualité, à savoir un futur apocalyptique qui peut potentiellement être évité si l’on en prévoit les aléas, et que l’on met les moyens en œuvre pour l’anticiper.

Nous sommes à mon sens dans une situation assez similaire aujourd’hui (ndlr: notamment avec des thématiques de lutte contre le réchauffement climatique), il peut y avoir un futur assez noir mais il y’a aussi des choses à faire pour éviter qu’il s’assombrisse. Je recommande donc cette œuvre qui est à mon sens très contemporaine !