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Interview

Interview de Shonen et Julien Blondel, les auteurs de « Dark Souls Redemption »

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À l’occasion de Japan Expo 2024, nous avons pu échanger avec Shonen et Julien Blondel, les auteurs de « Dark Souls Redemption » édité chez Mana Books.

De gauche à droite : Skendolero, TomoKun, Julien Blondel et Shonen lors de Japan Expo 2024
De gauche à droite : Skendolero, TomoKun, Julien Blondel et Shonen lors de Japan Expo 2024

Pouvez-vous chacun vous présenter brièvement?

Shonen : Très brièvement alors ! (Rires) Bonjour, je m’appelle Shonen, et je suis illustrateur et dessinateur pour la série Dark Souls Redemption éditée chez Mana Books, également auteur d’Outlaw Players aux éditions Ki-oon.

Julien Blondel : Salut! Julien Blondel, scénariste de la série Dark Souls Redemption, mais également de manière générale scénariste de bande dessinée, d’audiovisuel, et de jeux vidéos depuis quelques années. Je viens du jeu de rôle à l’origine, et je suis ravi de pouvoir revenir au format manga sur une aussi belle licence que Dark Souls !

Comment s’est opérée votre collaboration ?

Julien : C’est un projet d’éditeurs, une discussion entre Mana Books, qui avait déjà la confiance des japonais, et Ki-oon qui est connu pour faire de la création française, avec l’envie de faire de la création sur un titre de jeu vidéo.

Le nom de Dark Souls est ressorti assez rapidement de ces échanges, avec en tête le dessin de Shonen qui travaillait déjà avec Ki-oon sur son autre série Outlaw Players.

Des essais et des recherches en matière d’encrage et de propositions d’histoire ont eu lieu, et ont fini par convaincre les japonais que ça pouvait être cool de faire ce projet avec des français.

Connaissiez-vous le travail de l’autre de près ?

Shonen : Je connaissais le travail de Julien de loin pour ma part.

Julien : Pareil pour moi, on n’avait jamais collaboré ensemble, on s’était croisés dans une collection commune il y a une quinzaine d’années, où Shonen avait déjà fait des séries, et où j’avais fait un titre seinen à l’époque sur cette collection là. Je suis donc content de revenir au manga et de redécouvrir Shonen sur ce projet commun.

Tu me parlais de jeu de rôle tout à l’heure Julien. Quel est votre rapport au monde du jeu vidéo et à la licence Dark Souls de manière générale ? Êtes vous de gros gamers ?

Shonen : Me concernant, je suis un gros joueur de base.

Ma série personnelle Outlaw Players est déjà une sorte d’hommage ou de lettre d’amour pour le jeu vidéo

Ma série personnelle Outlaw Players est déjà une sorte d’hommage ou de lettre d’amour pour le jeu vidéo, en particulier les JRPG, mais pour ce qui est de Dark Souls, je possède les jeux, mais je n’y joue pas, par manque de temps !

Ce sont des jeux qui demandent quand même beaucoup d’investissement ! Je n’y jouerai sans doute pas avant un certain temps (rires)

Julien : J’ai été et je suis un gros gamer de jeux de rôle, de TCG (Trading Card Game) donc de cartes à collectionner, de MMORPG (Jeu de rôle en ligne massivement multijoueur).

Pour Dark Souls, comme Shonen je suis conscient du temps que ça demande quand on met la main dedans, on part dedans à fond. J’ai pas mal joué à Dark Souls 1, mais bon il faut quand même que je travaille aussi un petit peu (rires).

C’est le genre de jeu où il y a un contenu vidéo en ligne de qualité (streaming ou youtube), qui me permet aussi de découvrir certaines choses et de les suivre. Ça me permet donc de travailler et plonger dans des univers de jeu sans forcément tous les faire. Je me connais, si je commence un jeu, je vais le poncer, et je peux pas ! (Rires)

Pourquoi ce parti-pris de ne pas intégrer des éléments du lore de Dark Souls dans votre série ?

Julien : Déjà, il n’y a pas un Dark Souls mais plusieurs, ils n’ont pas la même histoire ni le même Lore. Ils sont reliés par plein de choses. Mais si on avait dû faire une adaptation, une novélisation en manga, on aurait dû prendre un Dark Souls de la licence en particulier, ou être entre deux Dark Souls, et dans tous les cas on se serait adressés en premier lieu aux joueurs, et ça aurait été un peu plus difficile d’accès aux lecteurs qui n’ont pas forcément joué aux Souls.

Donc très vite, on a eu envie de proposer une histoire originale et inédite, et plus on avançait sur ce concept d’histoire, plus on se rendait compte qu’on avait pas besoin d’aller faire intervenir Solaire (personnage de Dark Souls) d’un coup. Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il foutrait là ? Ce côté carte blanche, presque DLC (DownLoadable Content = Extension du jeu de base) de Dark Souls en manga nous a permis d’amener un gros travail de design et de recherche derrière pour créer notre propre univers. Il a aussi permis aux ayants droits japonais de se faire une vraie idée de ce qu’on allait faire, et de voir que c’était déconnecté de ce qui avait déjà été fait sur les Souls.

C’était quand même rassurant pour eux, je pense qu’ils ont aimé ce qu’on a pu apporter de façon un peu spontanée, en tant qu’équipe française on a un regard différent sur Dark Souls, on a une histoire entre une mère et le fantôme de son enfant, en tant que personnage principale de Dark Souls ce n’était pas attendu, ça a pu prendre à contrepied les lecteurs et élargir cette lecture à un plus grand public.

On a des lectrices (évidemment pas de cliché genré lecteur/lectrice) qui ont peut être pu pour certaines se sentir intimidées par les Souls, et trouver une porte d’entrée plus accessible et naturelle avec une histoire qui leur parle.

Je remarque tout de même des marqueurs identifiables propres aux Souls. Est-ce que pour toi Shonen, ça a été une difficulté de plonger dans ce dessin très Dark Fantasy ? Et individuellement, quelles ont été les principales difficultés que vous avez rencontrés dans la réalisation de ce projet ?

Shonen : Pour ma part, c’était déjà difficile d’adopter un style graphique qui n’était pas le mien. Comme dit précédemment, je suis plus dans ce côté Heroic Fantasy, plus léger. Et se mettre dans une ambiance beaucoup plus dure, où il y a plus de tension avec une ambiance plus sombre, c’était déjà techniquement parlant une charge de travail beaucoup plus conséquente. Ça joue beaucoup plus sur un jeu de noir et blanc que j’adore, mais qui n’était pas aussi présent dans mes précédentes œuvres.

Je me suis surtout inspiré de Kentaro Miura et son œuvre Berserk pour l’aspect technique.

À titre de comparaison, les planches de Dark Souls que je dessine me prennent beaucoup plus de temps que sur mon autre série Outlaw Players. Il y a aussi la question du style: je suis dans un style plus léger, plus esthétique, plus propre. Devoir faire un style plus sombre et plus Dark Fantasy s’est avéré rude et délicat. Je me suis surtout inspiré de Kentaro Miura et son œuvre Berserk pour l’aspect technique. C’était un auteur dont j’appréciais beaucoup la vision, au niveau de l’univers et de ses monstres, il avait graphiquement un trait extrêmement détaillé et très fouillé. Rien qu’en regardant ses illustrations et ses planches, on avait l’impression que c’était un reflet de la Dark Fantasy.

De gauche à droite : TomoKun, Erwan (Mana Books), Shonen et Julien Blondel lors de Japan Expo 2024
De gauche à droite : TomoKun, Erwan (Mana Books), Shonen et Julien Blondel lors de Japan Expo 2024

Julien : Quand tu fais une adaptation, tu vas essayer de conserver ce qui fait l’essence de l’œuvre, du roman, du jeu vidéo etc, et tu vas essayer de trouver la meilleure façon de la faire découvrir à des gens qui ne la connaissent pas, plus que de restituer fidèlement pour paraphraser un Dark Souls.

Dans les caractéristiques de Dark Souls, tu as ce gigantisme et cette démesure entre l’homme et ce qui est plus grand que lui, tu as la mort qui est omniprésente, tu as les feux, les marques, les fioles, les âmes, les humanités, les fantômes, les invasions etc. Autant de marqueurs que tu retrouves dans les différents Souls qui sont déjà des moteurs d’histoire en eux-mêmes.

Il faut aussi accepter que sur un manga on a une narration qui est un peu différente, avec l’histoire qui change par rapport au jeu.

La principale difficulté, c’est que tu passes d’un jeu vidéo où tu joues un personnage très souvent de dos et qui ne parle pas, avec très peu de dialogue, et beaucoup de découverte de l’histoire par la narration environnementale, contextuelle (avec les objets, le lore, le fait de creuser pour aller les chercher). Et proposer une histoire en manga avec des personnages qu’on va voir de face, qui vont avoir des réactions, des attitudes, des émotions, qui doivent évoluer, et qui doivent un minimum interagir entre eux, c’est quand même costaud !

On aurait pu faire 180 pages silencieuses, contemplatives avec des choses cachées dans les cases et les décors, il y en a des informations dans ces cases. Mais on avait aussi envie d’en faire une histoire en manga qui présente Dark Souls, dans ce monde.

Ça passe donc par du dialogue qu’il faut doser, c’est vrai que c’est une grosse différence avec le jeu vidéo, il faut l’accepter, c’est un parti pris d’avoir des personnages qui se parlent.
Il y aura aussi des moments extrêmement silencieux: dans le tome 2, on a une scène où il y aura peut-être 10 ou 12 pages sans dialogues, parce qu’à ce moment de l’histoire ça a du sens. On va retrouver du Dark Souls.

Il faut aussi accepter que sur un manga on a une narration qui est un peu différente, avec l’histoire qui change par rapport au jeu. C’était la plus grosse difficulté, de garder l’esprit, la lenteur, le côté un peu taiseux et secret, mais en faisant quand même parler les personnages.

Le Tome 1 sorti il y a peu connait un très beau succès !
Quel est le personnage pour qui vous avez un affect particulier (s’il est apparu dans ce tome 1) ? Avez-vous un personnage préféré, qui apparaîtra peut-être plus tard ?

Julien : Sans trop spoiler bien sûr ! (Rires) Moi je suis team Chien ! Team Doggo, parce que c’est un personnage qui est atypique, qui est un peu inattendu.

Mais mon personnage préféré qui arrive plus tard, c’est celui qu’on voit gens la dernière page du Tome 1, qui va donc arriver dans le Tome 2. Il a une proposition un peu décalée, c’est notre Chevalier Oignon à nous (personnage emblématique des jeux Dark Souls), sans aucun lien avec ce personnage bien sûr. Il a à la fois ce côté design, très Dark Souls, et ce côté décalé, presque grotesque, qui apporte une autre dynamique à l’histoire.

Shonen : Je suis team Galor, j’aime les grosses armures donc ça fait sens !

Avez-vous une idée approximative du nombre de tomes que comptera la série Dark Souls Redemption ?

Julien : On a même un nombre de tomes extrêmement défini. C’est un projet qui a tout de suite été pensé et signé en 5 tomes.

On a tout le lore évidemment qui est écrit en amont. C’est aussi ça qui a été validé par les japonais. Et ensuite, sur le scénario de chacun des tomes, on se laisse un peu de liberté parfois pour adapter un chapitre, pour ramener de la richesse au niveau des environnements, des designs etc. On est vraiment à ce moment tous deux en co-création sur ce qu’on veut mettre dans les tomes.

Petit conseil: ne vous attachez pas trop aux personnages...

Avez-vous eu des influences littéraires, cinématographiques ou musicales dans la réalisation de Dark Souls Redemption ?

Shonen : Pas pour ma part, c’était déjà assez dur comme ça pour avoir à piocher dans d’autres univers culturels ! (Rires)

Julien : Moi je suis très Dark Fantasy. Je travaille sur d’autres œuvres de Dark Fantasy, sur la bande dessinée Elric notamment, via le jeu de rôle, sur des œuvres un peu périphériques type Lovecraft, Silent Hill, où tu as cette gestion et ce dosage de l’horreur, du rythme de l’horreur, la démesure entre ce qui est humain et ce qui ne l’est pas.

Pour moi c’est un mix entre Tomb Raider et Dark Souls

Dans le tome 1 de Dark Souls Redemption, il y a cette référence un peu perso au jeu Ico, où on a la même scène inversée : au lieu d’avoir un chevalier qui va essayer d’aider une fantôme à sortir du château, on a une archère qui est une mère, qui va courir après le fantôme de son enfant.

Ico est peut-être même un prototype de ce que sont devenus les Souls, puisqu’on n’a pas d’explications, pas d’aide etc. Pour moi c’est un mix entre Tomb Raider et Dark Souls, au milieu il y a Ico. J’avais envie de remettre cette dynamique du fantôme, et je trouve que l’affiliation avec Ico sur Dark Souls est assez perceptible par moments.

Quel est votre jeu Dark Souls préféré ? Ou bien de la Licence FromSoftWare ?

Shonen : Pour moi c’est Armored Core !

Julien : J’ai beaucoup joué à Dark Souls 1, et j’aurai toujours un amour spécial pour celui-ci !

Quelle classe préférez-vous jouer (Guerrier, Voleur, Bandit, mage, clerc, bandit etc) ? Avec quel build ?

Shonen : Je serais plus Guerrier pour ma part ! Avec épée et bouclier, assez classique.

Julien : Sans spoiler le tome 2, je dirais que le build Chasseur carcasse en pagne avec une BK hache dans le dos (Black Knight Axe= Hache du Chevalier Noir) ça permet de faire 2-3 run un peu sympas, et puis même graphiquement je trouve que ça te permet d’avoir un personnage qui est vraiment emblématique de Dark Souls !

Ce côté carcasse complètement décharnée, la silhouette des armes longues que je trouve hyper chorégraphique.

Votre type de boss préféré et/ou que vous détestez affronter ?

Julien : Un bon boss c’est un boss mort (rires)

Shonen : Je déteste les Dragons ! J’aime bien tout ce qui est Démons.

Quel est la zone de jeu que vous avez préféré explorer/découvrir ?

Shonen : Les Marais sans hésitation !

Julien : Les Marais c’est très tome 2 pour la petite info ! Moi j’aime beaucoup les zones avec différentes profondeurs de champs, presque les plateformes Dark Souls, les coursives de châteaux, les remparts, ces zones où la caméra a cette faculté d’avoir cette plongée sur différents niveaux.

Je trouve que tu sens le vide, la peur de tomber, tu sens que la course va être différente avec ce gigantisme, ces zones creepy quoi.

Quel sont vos tops items les plus wtf que les lecteurs vous ont demandé de dessiner en dédicace ? – Pour ma part je vous avais demandé la poêle à frire de Sam dans LOTR ! –

Julien : Effectivement tu serais dans le top 3 des items wtf ! (rires)

On en a eu des pas mal depuis: on nous a demandé de looter un baccalauréat ! La lectrice n’était pas sûre de l’avoir donc on lui a mis dans son manga, c’était brillant (rires)

Shonen : Moi on m’a rien demandé j’aurais bien voulu dessiner un canard en plastique. (Rires)

Tom : Bah ça sera le cas demain je viendrai ! (Rires)

Dark souls redemption

La critique du manga « Dark Souls Redemption » !

Kazoku

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