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Interview Sylvain Ferrieu - Les enfants de gorre Interview Sylvain Ferrieu - Les enfants de gorre

Interview

Interview de Sylvain Ferrieu, l’Auteur de « Les Enfants de Gorre »

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À l’occasion de Japan Expo 2024, nous avons pu échanger avec Sylvain Ferrieu, l’auteur de « Les Enfants de Gorre » édité chez Mahô Éditions.

Interview Sylvain Ferrieu - Les enfants de gorre
TomoKun (à gauche) et Sylvain Ferrieu (à droite) lors de Japan Expo 2024

Quel est ton parcours?

C’est une assez longue histoire qui mêle à la fois recherches universitaires et la passion de geek qui date de la fin des 70’ , avec ma découverte de l’univers de Star wars, de ma découverte de la cité de Carcassonne qui m’a fait craquer sur tout ce pan médiéval, et surtout le film Excalibur, énorme gifle et coup de cœur, qui possède une atmosphère particulière que je n’ai jamais retrouvée dans les livres d’origine.

J’ai fait du droit mais parallèlement à ça je gardais une obsession pour les points historiques et mon rêve du moyen âge. J’ai vu qu’il y avait un connexion entre les deux, j’ai donc fait une thèse sur le sujet qui m’a permis d’établir toute la base de ce qu’était « Les enfants de Gorre ».

J’ai aussi beaucoup été influencé par le jeu de rôle, notamment Donjons et Dragons entre autre, beaucoup de tentation à passer des heures à entrer dans ce monde virtuel et ne pas revenir dans le réel.

Une campagne de jeu de rôle a permis à un moment de développer les personnages principaux de l’histoire. C’est là que je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire. Avec l’accord des joueurs, je me suis lancé pour adapter leur histoire, que j’ai adapté à celle de la Table Ronde, avec des enjeux différents, le développement des personnages en eux-mêmes, et l’histoire arthurienne sur laquelle j’ai travaillé.

Peux tu nous présenter/résumer ton œuvre?

C’est un roman de la Table Ronde, de façon générale, l’histoire a 2 caractéristiques par rapport à ce qui se faisait avant:

  • 1) Elle se situe à un moment qui n’est pas traité par les auteurs médiévaux, entre le moment où Arthur retire l’épée de la pierre, et le moment où il est reconnu roi, véritable fondement de l’histoire arthurienne dans la chronique historique
  • 2) Le fait que je traite le sujet par l’intermédiaire de ceux qui étaient opposés au Roi Arthur. Il n’était pas reçu comme le roi idéal qu’on présentait, avec tout le monde qui se pâme devant lui en se disant que c’est l’élu.

L’idée était de développer les raisons d’être de ces oppositions, d’où le titre mon livre Les enfants de Gorre… Gorre est le territoire ennemi par opposition.

Ce territoire est très connu au moyen âge, mais on l’a perdu dans les adaptations modernes alors qu’il est réellement au centre de l’histoire. C’est l’anti Roi Arthur, mais il n’y a pas ce côté ultra manichéen où ce sont les méchant qui s’en prennent aux gentils. Il y a + de subtilités que ce qu’il n’y parait.

L’histoire parle de trois frères qui sont les vassaux de celui qui est reconnu comme le plus grand adversaire du Roi Arthur, la reine Morgane, également fée. L’ainé de la fratrie revient de sa formation auprès du père de Lancelot sur la chevalerie, et cela le motive à développer cet idéal auprès de ses frères.

Seulement, à son retour au château perdu au fin fond du royaume de Gorre, il s’aperçoit que ses frères n’ont pas tourné comme il l’aurait voulu : l’un est devenu une grosse brute, et l’autre a sombré dans la folie, en étant persuadé que les animaux lui parlent.

C’est avec ces deux bras cassés qu’il est obligé de défendre sa prétention au domaine en tant que successeur légitime. Les rencontres avec les personnages arthuriens vont apporter beaucoup de mouvement et d’intrigue au récit.

Comment s’est faite la connexion avec les éditions Mahô ?

Elle s’est faite à cheval sur le monde universitaire, car Aurélien Martinez (directeur éditorial aux éditions Maho) est un de mes anciens étudiants à la fac de Créteil !

J’étais parti pour sortir cette histoire à mon rythme et la finir en 2040 (rires), je n’étais pas pressé du tout, j’écrivais 100 pages par an, sans urgence quelconque.

Nous étions restés en contact avec Aurélien, pour continuer à partager notre passion commune du modélisme, et on se voyait ponctuellement pour faire des séances de peinture. J’ai un jour appris qu’il quittait le monde du droit, qu’il en avait marre, ce que je comprends tout à fait (rires), et qu’il se lançait dans le monde du manga, monde qui m’était familier mais dans lequel je ne me suis pas investi plus que ça.

Il m’a alors parlé du light novel, terme que je ne connaissais tellement pas… j’ai pris peur qu’il me demande de dessiner des mangas (rires). Lorsqu’il m’a présenté ce format littéraire, et proposé une création française dans ce registre, j’ai été rassuré sur le fait de pouvoir continuer à écrire comme je le souhaitais et m’exprimer en toute latitude sans avoir à copier le style de quelqu’un d’autre. Je lui ai donc présenté un projet à sa demande. Le coup de cœur a été absolu de sa part que je n’ai pas compris, mais cela a également été partagé avec énormément de lecteurs ! L’aventure a donc commencé chez Mahô.

Quelles ont tes plus grosses inspirations dans la réalisation des Enfants de Gorre ?

Concernant mes inspirations personnelles hors littérature, je trouve que l’atmosphère musicale est un point très important pour moi : mis à part des musiques d’ambiance médiévales, j’écoute énormément de symphonic métal et de folk métal !

Il y a des groupes excellents comme Eluveitie. L’association du côté melodico-épique m’inspire beaucoup et rend justice au métal qu’on a tendance à trop assimiler à principalement du dégueulis vocal », alors qu’il n’en est rien. C’est quelque chose qui me parle énormément.

Cinématographiquement, comme dit précédemment je suis un grand fan de Star Wars et de son univers. Il y a beaucoup de similitudes avec le lore arthurien, quand on regarde les Jedi, on sait que ce sont des chevaliers de la table ronde par définition, certes habillés comme des ronins, mais l’inspiration de George Lucas est évidente, et le lien a été pour moi assez évident à faire.

Évidemment je ne peux pas ne pas citer les livres de Tolkien, le Seigneur des anneaux, en insistant bien sur l’adaptation de Peter Jackson ! (Rires)

J’ai un univers très visible chez moi, à commencer par une grosse collection de figurines, notamment de Donjons et dragons, de manière global de l’univers médiévale fantastique, très populaire dans les années 80’.

Quelles sont tes lectures de fantasy médiévales favorites ?

Sans citer les évidents Tolkien et George R.R Martin, il y a un auteur que j’aime particulièrement et qui a beaucoup apporté au niveau de la construction médiévale, Michael Moorcock, pour le côté très sombre et le malheur qui arrive aux personnages qui auraient pu subir ce qui est arrivé au champion éternel, qui est un personnage maudit par excellence.

Il y a des classiques plus anciens, la Fille du roi des elfes, les Contrées du rêve de Lovecraft, avec une atmosphère que je trouve très touchante. Je pourrai aussi citer tous les classiques du XIIeme et du XIIIeme siècles, que j’ai quasiment tous lus!

As-tu prévu un nombre de tomes défini ? Plusieurs arcs ?

Sans trop spoiler, il y a des exactement 7 tomes prévus, même si 3 sont sortis, il faut savoir que j’ai déjà écrit la fin, l’épilogue du 7 est déjà écrit avec 75 pages d’avance sur le dernier tome.

J’en suis actuellement à 300 pages de l’avant dernier tome (6). Si tout va bien j’aurai terminé d’ici environ un an et demi. L’idée est d’arriver à la bataille cruciale qui permettra au roi Arthur d’être définitivement accepté, d’être celui qui a battu les saxons, et qui est devenu le porte étendard et le leader des celtes.

Le roi devient vraiment Roi à ce moment là et c’est le point crucial de toute la légende Arthurienne et que l’on a pas réellement traité au 12e siècle, c’est pour ça que je me suis axé là-dessus.

Si je ne mets pas ça comme point d’orgue du tome final ce sera un peu dommage ! Tout est déjà chapitré, mon procédé de lecture est simple: je sais par chapitres et par tomes où je veux aller. Quand je me concentre sur un chapitre avec le semblant de notes que j’ai mis dessus, j’essaie de voir comment cela peut se transcrire en mots et c’est là que je commence ma rédaction. Étonnamment, ça fonctionne très bien car j’avance relativement vite. J’ai eu une cadence de 400 pages cette année ce qui n’est pas rien !

Étant donné que ton titre est une adaptation de la légende Arthurienne, qu’as tu pensé de la série comique Kaamelott et de sa réinterprétation de cette même légende ?

À mon sens, Kaamelott a fait beaucoup de bien au mythe arthurien !

Beaucoup plus d’ailleurs que des adaptations qui se voulaient sérieuses et qui ont plutôt desservi l’œuvre de base et jeté une aura ridicule sur l’histoire, je pense notamment au dernier film « le Roi Arthur » de Guy Ritchie.

Quiconque s’y connaît un tant soit peu se rendrait compte de certaines supercheries, il n’y avait pas d’éléphants qui attaquaient « Camelot » parce que « Camelot » n’existait pas, à la limite on peut parler « d’adaptation », mais c’est également le cas chez Astier !

Est-ce que Perceval est un cretin ? Oui. Est-ce qu’Yvan et Gauvain sont deux andouilles complètement trouillardes ? Non.

Mais libre à lui d’interpréter comme il le souhaite à partir du moment où je trouve certains passages parlants. De manière générale, Astier a sans nul doute mené des recherches historiquement informées, il était à cette période pris entre deux feux, être drôle, dans l’ADN de ce que l’on voyait dans Caméra Café, et on le sent bien dans sa manière de gérer l’histoire du roi Arthur, avec ce côté bouffon, qui cache une tragédie plus profonde qu’il n’y parait.

On peut même parler de tragi-comédie, au début c’est marrant, et plus l’histoire avance, plus on se rend compte que le personnage est caractériellement et typologiquement complexe. Cette fusion du drôle et du respect de l’œuvre rend Kaamelott très agréable et très fidèle au mythe Arthurien.

Il y a tout de même un personnage qu’Astier aurait pu intégrer et que je trouvais important: le sénéchal Ké, le demi frère d’Arthur, qui est tellement vicieux, avec ses plaisanteries malvenues et ses mises au défi, son ajout à la série aurait pu apporter un ressort comique supplémentaire !

Souhaiterais-tu voir ton œuvre adaptée sur d’autres supports (anime, manga, film, série) ?

Je suis entièrement partant à une condition: une adaptation qui garde ses personnages repris du lore tels que je les ai pensés et décris.

Les trois frères sont par exemple un hommage à des amis à moi, et je ne voudrais pas les voir complètement transformés en autre chose.

Il y a aussi le risque d’écrémage, qui peut faire perdre l’esprit de l’œuvre. Les supports peuvent respecter l’histoire, il y a sans doute après des moyens de raccourcir les pensées et réflexions profondes de chacun.

Parfois, un simple silence ou une expression faciale peuvent montrer le mindset et la mentalité d’un personnage qui aurait pu prendre à l’écrit trois pages de description, à ce niveau là c’est complètement jouable ! On est quand même touchés et galvanisés quand on voit des adaptations comme le très récent House of the Dragon. On pourrait même étoffer l’univers dans une adaptation visuelle animée ! J’ai beaucoup d’idées à présenter ! (Rires)

Kazoku

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