La symbolique de la route dans Bakuon Rettō (spoilers)

Chef d’œuvre de Tsutomu Takahashi, Bakuon Rettō est un furyō seinen autobiographique, édité en France par Kana et comptabilisant un total de 18 volume. Le manga est une véritable leçon de vie épatante qui marque profondément les lecteurs.

LE SYNOPSIS

Takashi Kase, 15 ans, est un jeune lycéen à problèmes venant d’emménager en banlieue de Tokyo. Poussé par ses parents à cesser ses mauvaises fréquentations, il fait tout le contraire et apprends par ses nouveaux amis le rassemblement d’un bōsōzoku^*, les Zeros, dans les jours à venir. Le soir du rassemblement, il monte derrière l’un des motards et tombe amoureux du style de vie des Zeros. Sa vie prend une nouvelle tournure lorsqu’il décide de les rejoindre. On suit alors le quotidien de Kase : les premiers amours, son gang, ses problèmes sociaux et familiaux mais surtout le passage à l’âge adulte.

^{_{* gang de motards japonais}}

QUAND LA FICTION SINSPIRE DE LA RÉALITÉ

Que ce soit dans Bakuon Rettō ou dans la réalité, des années 70 à 2000, les Bōsōzoku ont arpenté les routes de leurs villes afin de se faire remarquer avec leurs pots d’échappement percés. Fuyant les attentes sociales que la société leur impose, une culture du devoir et de l’obéissance, ces jeunes motards sont donc des marginaux parfois vu comme des rebelles, d’autres fois comme des bons à rien.

LA ROUTE, UN ÊTRE À PART ENTIÈRE

La route prend une grande importance pour nos furyō cherchant la liberté qu’elle est en mesure de leur offrir. Pour eux, seul l’asphalte les accepte tels qu’ils sont, il est le seul qui ne les jugera pas . Dessus, ils se sentent invincibles. La route leur tend la main et c’est ce qui permet à ces jeunes d’être eux-mêmes et d’être accepter par les autres, lorsque l’éducation les ignore tout comme leurs parents. C’est pour cela qu’ils prennent pour seul plaisir rouler encore et encore à pleine vitesse, de jour comme de nuit. La route devient donc leur monde, un monde que chacun s’approprie à sa manière. Où les lois sont les leurs. C’est à travers elle que ces adolescents se construisent.

LA ROUTE EN TANT QUE SYMBOLE DE LIBERTÉ

Chacun d’eux possède sa propre vision de la route, pour chacun la route aura un sens unique, au fil du temps et à force d’y rouler, ils finissent par créer leur propre voie. C’est par exemple le cas de Kazuya, qui comprend qu’au final chacun doit emprunter sa propre route. Un parallèle assez fort se crée alors entre lui et le personnage de Kase. Puisque Kase, à contrario de Kazuya, ne comprend pas encore pleinement cela. 

Il n’arrive pas à s’imaginer prendre sa propre voie puisque la société le traite comme un bon à rien et lui fait croire qu’en dehors de ça il ne serait rien. Il se conforme alors dans sa désillusion qu’il doit continuer de traîner avec le gang des Zéros pour toujours. Toutefois, Ayase, personnage central de l’œuvre et mentor, ne manquera pas de ramener notre protagoniste à la réalité plus d’une fois.

LA ROUTE, SEULE VOIE VERS LE BONHEUR

Les bōsōzoku arborent leur bécane pour oublier les soucis de la vie. Se rassembler, s’amuser et suivre la route à fond d’balle. Ils luttent comme ils peuvent, au lieu de suivre un avenir tracé par les études et l’obéissance, ils roulent en totale contre sens et affirment leur vision de la vie en avançant par leurs propres moyens. Cette route qu’ils empruntent encore et encore est là preuve de la liberté de leur jeunesse, elle leur permet de s’évader de leur solitude et de l’enfermement qu’ils subissent en tant que marginaux, puisque les gens ne les considèrent pas plus que des déchets. Rouler devient donc un besoin, une obsession, la route devient synonyme de bonheur pour eux. 

LA PRISE DE CONSCIENCE

Suite à sa discussion avec une grand-mère, Kase comprend que même s’ il quitte son groupe, rien ni personne ne lui interdira de prendre la voie qu’il souhaite et il sera tout aussi libre. Suite au rassemblement organisé par Bondo, personnage central du manga que Kase avait pris sous son aile plusieurs tomes auparavant, Takashi a une prise de conscience. En suivant les mêmes routes, avec les mêmes personnes durant les mêmes rassemblements, sa vie devient ennuyante et uniforme, la liberté et le bonheur qu’il trouvait à prendre cette route n’est plus. Il se sent même de nouveau enfermé par son quotidien. Il décide donc d’aller vers d’autres horizons, quittant sa meute, pour prendre sa propre voie.

CONCLUSION

Depuis le départ, la quête de Takashi était de trouver sa voie. Si ceux qui arpentaient les routes en tokkōfuku (uniformes de combats des bōsōzoku) étaient adolescents, c’est parce que la route représente la jeunesse. Cherchant à se séparer de ses parents, il va emprunter une voie qui lui promet frissons et adrénalines, un avenir des moins ennuyeux. Mais au fil du temps, et après toutes les expériences difficiles qu’il a connu, Kase va abandonner la route. Puisque quitter cette voie et sortir du chemin auquel il était habitué est désormais synonyme de changement et de liberté. Il n’est plus limité a suivre une ligne toute tracé, empruntant dorénavant seulement les chemins qu’il souhaite. Si toutes les routes mènent à un lieu précis, la quitter permet d’aller où l’on veut ou simplement s’arrêter au bord d’un champ et se reposer, l’esprit tranquille.

« Cette route, c’est celle des Zeros » Takashi Kase – Bakuon Retto

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