News Pop Culture
Leiji Matsumoto, La Légende de l’espace nous a quitté
« Albator, Albator du fond de la nuit dort ». En quelques mots, j’ai au mieux ravivé aux plus anciens de lointains souvenirs, ou au pire complètement perdus les plus jeunes d’entre-vous. L’auteur légendaire Leiji Matsumoto à l’origine d’Albator, le dessin animé japonais culte des années 80, nous a quitté à l’âge de 85 ans à la suite d’une insuffisance cardiaque, nous révèle la maison de production Toei ce lundi 20 février. L’occasion de retracer avec vous, l’histoire de son œuvre monumentale qui aura marqué toute une génération.
Akira Matsumoto, les premiers pas d’un enfant précoce
Né Akira Matsumoto, le 25 janvier 1938, il commence très tôt à s’initier au dessin, et produit ses premières esquisses à l’âge de 9 ans seulement. Croquis à l’origine d’une passion grandissante avec laquelle il remporte à l’âge de 15 ans, le 1er prix du magazine Manga Shonen avec son premier véritable manga Les aventures d’une abeille (Mitsubachi no Bõuken). Des premiers pas remarqués par le « dieu du manga » Osamu Tezuka, qui prend dorénavant le jeune Matsumoto sous son aile.
À la fin des années 50, il quitte sa terre natale de Kyushu et nourrit l’espoir de donner forme à ses ambitions de mangaka au cœur de la capitale nippone. Il y réalise de nombreuses œuvres aux intrigues plus édulcorées destinées à un jeune public féminin qu’il publie dans les revues Shôji et Shôjiclub.
Il commence à se faire un nom en élaborant des œuvres à la destination de jeunes garçons et pour marquer cette transition stylistique, il adopte le nom de Leiji qui veut dire « guerrier zéro ». Cette nouvelle direction artistique lui permet de remporter le prix du manga Kodansha en 1972, avec son manga Otoko Oidon (Je suis un garçon) qui marque son entrée officielle dans le Shonen jump.
Leiji Matsumoto, à la conquête de l’espace !
Dès lors, imprégné à la fois par sa douloureuse expérience de la guerre étant enfant, mais aussi par les récits d’aventures de son père pilote d’avion, il créé de remarquables œuvres de science-fiction telle qu’Albator. Un manga qui assoit la légitimité de l’auteur dans son pays, et étend sa renommée au monde entier.
Albator, le corsaire de l’espace
Au début des années 80, les Français en allumant leurs téléviseurs découvrent la parure rouge et noire d’un homme balafré qui parait tout droit sorti d’un récit fantastique de Jules Verne, mais il n’en est rien. Ils ont face à eux le capitaine Albator, et son équipage de pirates qui s’apprêtent à affronter la menace extraterrestre des Sylvidres. Les aventures spatiales du corsaire adaptées en animé, rencontrent un énorme succès en France et participent à l’initiation de toute une génération au manga.
Galaxy Express 999, le récit d’un voyage intersidéral
Matsumoto conçoit ses œuvres comme un géant univers que le lecteur ou spectateur doit découvrir à travers le prisme de ses interconnections. C’est pour cela que son manga Galaxy Express 999, explore l’espace, par le biais du voyage interplanétaire de Tetsuhiro Hoshino et Maetel, à l’instar d’Albator.
Par ailleurs, le chara design filiforme et la longue chevelure blonde de Maetel, rappellent les premières esquisses féminines du maître. Cette dernière, est directement inspirée du personnage de Marianne Old, issu du film français Marianne de ma jeunesse (1955) signé Julien Duvivier.
Leiji Matsumoto et la France
Ce n’est pas la première fois que le mangaka exprime son admiration pour la culture française. Décoré de la médaille de chevalier de l’Ordre des Arts et des lettres en 2012, il déclare sa gratitude envers le public français à de nombreuses reprises, notamment à l’occasion du Festival de la bande dessinée d’Angoulême en 2013. Il cristallise cette proximité en collaborant en 2003, avec le duo français Daft Punk, et mettent au point ensemble le film d’animation : Interstellar 5555. L’occasion de nous remémorer à jamais la contribution d’une légende à notre patrimoine culturel.