Les amants sacrifiés – Du réel au fictif.

Les oeuvres inspirées de faits réels sont, pour moi, les meilleures. Mon objectif est donc de vous en faire découvrir un maximum. Pour commencer, parlons du manga : Les amants sacrifiés de Kakizaki Masasumi (Green Blood – Rainbow – Bestarius). Un manga en deux tomes seulement édité chez Ki-oon.

Synopsis

Dans les années 40, aux portes de la guerre, le Japon s’enfonce dans la dictature et ferme ses frontières. Dans ce contexte, l’entreprise de commerce international Fukuhara peine à maintenir son activité. Son président, le charismatique Yusaku, décide de chercher de nouveaux canaux d’approvisionnement en Mandchourie, province du nord de la Chine passée sous la coupe japonaise et présentée comme une terre d’abondance… Malgré l’inquiétude de sa femme, Satoko, il embarque dans un voyage de plusieurs mois avec son neveu Fumio.

À leur retour, Satoko sent un changement… pire, l’odeur du secret. Fumio s’éloigne brusquement, et Yusaku annonce à son épouse qu’il compte arranger leur départ aux États-Unis, ennemi en puissance du Japon… Que leur est-il arrivé durant leur excursion en terrain conquis ?

« L’amour au coeur de l’histoire »

Avant de vous partager mon avis, il me semblait important de vous parler de la véritable histoire.

En 1931, le Japon envahit l’Asie de l’Est, commençant son invasion par la Mandchourie, la province chinoise mentionnée dans le manga. Créée entre 1932 et 1933 par mandat impérial, l’Unité 731 était une faction militaire de recherche bactériologique de l’Armée impériale japonaise. Les expériences pratiquées au Mandchoukouo (nom de la Mandchourie sous domination japonaise) ont fait entre 300 000 et 480 000 victimes car elles-ci étaient pratiquées sur des humains. Il a fallu attendre 2002 pour que l’État japonais reconnaisse enfin son existence et que cel1e-ci soit reconnue responsable de crimes de guerre ainsi que crimes contre l’humanité. Malgré ça, cela reste un sujet tabou pour le japon qui préfère oublier ou dissimuler cette épisode sombre du pays.

L’adaptation d’un film

Le manga une adaptation d’un film de Kiyoshi Kurosawa du même nom, sortit en 2020 au Japon. La critique a très bien accueilli ce film, ce qui lui a valu le Lion d’Argent de la Meilleure Mise en scène au Festival de Venise 2020.

Je ne peux que vous le conseiller !

L’oeuvre de Kakizaki

Kakizaki met en avant toute l’horreur de la guerre dans ce thriller psychologique mais l’histoire se démarque par le simple fait qu’elle intrigue directement le lecteur : jusqu’où sommes-nous prêts à aller face à la menace ? Est-ce que nos idéaux primeront toujours ? Evidement, l’oeuvre met en scène une histoire d’amour très forte entre deux protagonistes, déchirés par leur affection, leur patriotisme et leurs intentions respectives. On retrouve donc là une réelle complexité où raison et passion se battent en duel.

Et on ne peut pas parler de Kakizaki sans évoquer son talent de dessinateur. Les planches sont profondes et d’un tracé parfait accompagné de détails juste magnifiques !

Mon avis

Je ne pouvais pas passer à coté de ce manga, et je l’ai d’ailleurs trouvé excellent. L’histoire est bien reprise et l’adaptation reflète comme il se doit le film mais également la réalité. Bien évidement, cela reste romancé mais il n’en est pas moins une partie sombre du Japon.

Si vous aimez la psychologie et les faits réels, cette oeuvre est faite pour vous.

Note : ⭐️⭐️⭐️⭐️/5