L’été Mamoru Hosoda : trois chefs-d’œuvre en 4K pour célébrer un maître de l’animation

Le 16 juillet 2025 marque une date précieuse pour les amoureux d’animation japonaise : trois œuvres majeures de Mamoru Hosoda ressortent au cinéma dans de somptueuses versions restaurées 4K. La Traversée du Temps, Summer Wars et Les Enfants Loups, Ame et Yuki reviennent illuminer le grand écran, rappelant à quel point Hosoda est un cinéaste essentiel, à la croisée du fantastique, du réel et de l’émotion pure.

La Traversée du Temps – Courir après le temps, et le cœur

Sorti en 2006 au Japon, La Traversée du Temps bouleverse le récit original du roman dont il s’inspire en confiant les rênes à Makoto, une lycéenne qui découvre par hasard le pouvoir de voyager dans le temps. Ce qui commence comme un jeu pour corriger les petits tracas du quotidien glisse lentement vers une tragédie intime où chaque saut dans le temps altère irrémédiablement les liens avec ses proches.

Premier véritable coup d’éclat en solo pour Mamoru Hosoda, le film séduit par sa mise en scène dynamique et poétique, notamment cette fameuse course effrénée de Makoto, qui devient presque un acte de rébellion contre le destin, contre le temps lui-même, et d’une certaine façon, contre les images du cinéma. Avec un budget modeste mais une vision claire, Hosoda livre une œuvre poignante et visionnaire, au succès inattendu. À Tokyo, les salles se remplissent au point de faire rester les spectateurs debout pendant les séances. La Traversée du Temps est une déclaration d’amour au cinéma autant qu’un portrait sensible de l’adolescence et de ses vertiges.

Summer Wars – La famille face à l’ère numérique

En 2010, Mamoru Hosoda frappe un nouveau grand coup avec Summer Wars, un film aussi audacieux que pertinent. Cette fois, il nous propulse dans un univers mêlant les traditions japonaises et un monde virtuel futuriste baptisé Oz. Kenji, jeune étudiant timide, se retrouve plongé dans une crise numérique d’ampleur mondiale après avoir, sans le vouloir, piraté ce gigantesque réseau social. Une double aventure débute alors : technologique et familiale.

Visionnaire avant l’heure, Hosoda anticipe l’impact du métavers et de l’hyperconnexion bien avant que ces notions n’envahissent nos vies. Il y oppose la chaleur d’un foyer uni, les valeurs ancestrales et l’importance des liens humains. Grâce à une animation innovante, notamment pour représenter Oz et ses avatars colorés, Summer Wars brille aussi bien sur le fond que sur la forme. Le film cartonne au box-office, et cette exploration du numérique précède celle qu’il développera plus tard dans Belle.

Les Enfants Loups, Ame et Yuki – Liberté, amour et solitude

Avec Les Enfants Loups, Ame et Yuki, Hosoda franchit un nouveau cap artistique et émotionnel. Ce film marque en 2012 la naissance du Studio Chizu, qu’il cofonde avec le producteur Yuichiro Saito. On y suit le parcours bouleversant de Hana, jeune mère qui élève seule ses deux enfants mi-humains mi-loups, après la disparition tragique de leur père. Le récit s’étend sur plusieurs années, suivant la quête d’identité d’Ame et Yuki, tiraillés entre nature sauvage et société humaine.

Plus intimiste, plus contemplatif, ce conte explore la maternité, le deuil, la différence et surtout l’amour inconditionnel. Loin des clichés, Hosoda signe un hommage bouleversant aux mères célibataires et à toutes celles qui se battent pour offrir une liberté de choix à leurs enfants. Le film triomphe autant au Japon qu’en France, où il attire plus de 200 000 spectateurs. Les Enfants Loups devient une œuvre-phare, celle qui installe définitivement Mamoru Hosoda comme un grand cinéaste de l’émotion.

Mamoru Hosoda : un conteur entre deux mondes

Né en 1967 à Toyama, Mamoru Hosoda débute chez Toei Animation et se fait remarquer dès 1999 avec Digimon Adventure. Après avoir quitté les grands studios, il se forge une signature artistique unique avec La Traversée du Temps, puis enchaîne les chefs-d’œuvre. En 2011, il cofonde le Studio Chizu, qui lui permet une liberté totale de création.

Oscillant entre science-fiction, récits initiatiques et tranches de vie bouleversantes, Hosoda filme le merveilleux à hauteur d’homme. Le voyage dans le temps, les mondes parallèles, le métavers… autant de portes d’entrée vers des réflexions très concrètes sur la famille, l’éducation, la solitude et le passage à l’âge adulte. Ses héroïnes, humaines et crédibles, contrastent avec les figures féminines trop lisses ou fantasmées. Le tout sublimé par un sens aigu du détail, du décor et de la lumière.

Avec Miraï, ma petite sœur, nommé aux Oscars, ou encore Belle, son plus grand succès à ce jour, Mamoru Hosoda a prouvé qu’il savait mêler le contemporain et l’intemporel. En redécouvrant ses premiers grands films sur grand écran, en qualité 4K, le public a aujourd’hui l’occasion de revivre cette magie, dans toute sa splendeur.