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Oni Goroshi – Une Vengeance Déchaînée dans un Enfer Moderne !
Il y a des mangas qui frappent fort, qui ne laissent aucune chance au lecteur de reprendre son souffle. Oni Goroshi, série éditée par Meian, appartient à cette catégorie : une fresque de vengeance brute, un festival de sang et de rage porté par une mise en scène explosive et une tension oppressante. Masamichi Kawabe nous plonge dans un Japon gangrené par la corruption et la violence, où chaque coin de rue semble cacher un démon derrière un masque.
Le Synopsis
Je détruirai tout ce que tu es.
Depuis toujours, cette ville est le théâtre d’horreurs…
Découvrez la vengeance d’une de ses victimes.
En 1991, dans la ville de Shinjô, département d’E., Shûhei Sakata tue sa fille et son épouse. Cependant, ce n’est qu’une mise en scène, un piège tendu par ceux qu’on appelle les démons. Après quinze ans derrière les barreaux, Shûhei est enfin libéré.
Depuis l’époque Heian, une légende court sur ces terres… « Cette ville est hantée par les démons. » Elle sera désormais le théâtre d’une vengeance sans précédent. Découvrez l’histoire de ces hommes possédés et déchaînés.
Les démons sévissent dans cette ville maudite. Qui se cache derrière ce maelström de folie et de mauvaises intentions ?
Son but ? Se venger de ces cinq démons.

Mon Avis
Une ville sous le joug de la terreur
Sakata, héros au passé brisé, n’a plus qu’un seul but : la vengeance. Son existence est aspirée dans une spirale infernale, où la survie passe par la destruction systématique de ses ennemis. Ce qui distingue Oni Goroshi d’un simple récit de vendetta, c’est la démesure de son univers. Ici, la ville tout entière est une arène, chaque ruelle, un terrain de chasse. La mafia Masakado, qui tire les ficelles dans l’ombre, ne se contente pas de faire couler le sang : elle orchestre un chaos calculé, transformant la peur en une arme redoutable.

L’ambiance suffocante de la série tient beaucoup à ce climat de paranoïa omniprésent. La ville semble vivante, dévorée de l’intérieur par une gangrène qui s’étend. Entre explosions, assassinats brutaux et poursuites dantesques, le manga ne laisse jamais un instant de répit. L’aspect cinématographique du manga renforce cette impression : on a l’impression de voir défiler une succession de plans ultra-dynamiques, comme un film d’action qui aurait abandonné toute retenue.
Une violence décomplexée et glaçante
Il faut avoir le cœur bien accroché pour suivre Oni Goroshi. Masamichi Kawabe ne recule devant rien : meurtres sadiques, tortures insoutenables, courses-poursuites apocalyptiques…
Tout est poussé à l’extrême, jusqu’à provoquer un véritable malaise. Mais derrière cette brutalité frontale se cache un propos fascinant sur la nature humaine et la corruption morale. Sakata est-il un héros ou un monstre créé par l’enfer qui l’entoure ? Peut-on encore distinguer les bourreaux des victimes dans un monde où chacun porte un masque, au propre comme au figuré ?
L’un des points forts du manga réside dans l’utilisation des masques Nō, symbole des figures du passé et du présent qui s’entremêlent. Cette imagerie renforce le sentiment d’irréalité de certains passages, comme si tout était un cauchemar dont Sakata ne pouvait s’extirper. Cette esthétique, combinée à un dessin tranchant et nerveux, donne lieu à des scènes d’anthologie, aussi effroyables que fascinantes.


Si Oni Goroshi brille par sa furie destructrice, il ne se résume pas à un simple massacre stylisé. Le manga distille progressivement une intrigue plus profonde qu’il n’y paraît, explorant les arcanes du pouvoir et les jeux d’influence au sein du clan Masakado. La dimension politique apporte une tension supplémentaire, car Sakata ne lutte pas seulement contre des hommes, mais contre un système entier.

L’introduction d’un allié providentiel dans le deuxième tome apporte une nouvelle dynamique au manga, rappelant une fois de + des classiques du cinéma d’action où un duo improbable se forme pour affronter l’impossible. Les influences sont d’ailleurs multiples : on retrouve des échos des films de vengeance américains (à la Taken) mêlés à une narration nippone plus complexe, marquée par l’honneur et la fatalité (comme Aniki, mon frère) .
Là où Oni Goroshi excelle, c’est dans sa mise en scène. Masamichi Kawabe déploie un talent impressionnant pour capturer l’intensité du moment. Les planches regorgent de trouvailles visuelles saisissantes : angles de vue audacieux, effets de flou et d’impact, superposition de visages déformés par la rage et la douleur. L’expérimentation graphique atteint son paroxysme avec des représentations hallucinatoires.
En jouant sur cette frontière entre réel et illusion, l’auteur nous plonge dans une perception altérée, renforçant l’idée d’un monde qui vacille entre justice et chaos. La symbolique du bushido, détournée pour servir des intérêts monstrueux, confère à l’ensemble une dimension encore plus grinçante.

Ce n’est pas un thriller classique, ni un simple manga d’action : c’est une plongée infernale dans un monde gangrené par la haine et la vengeance.
Avec sa patte graphique vraiment percutante, sa tension constante et son refus de tout compromis, Oni Goroshi s’impose comme une expérience extrêmement addictive. Pour ceux qui aiment les histoires de vengeance sans limites et les déferlements de violence stylisée, c’est une lecture incontournable. Un manga qui frappe comme un coup de machette : brutal, direct, et inoubliable.
MA NOTE : 17,5/20


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