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Palestine, Shoah, Madagascar : les références cachées dans L’Attaque des Titans

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Derrière ses murs titanesques, ses batailles sanglantes et ses titans monstrueux, Shingeki no Kyojin (L’Attaque des Titans) cache une fresque politique et humaine d’une rare complexité. Hajime Isayama a façonné un univers de fiction dont les échos renvoient à notre propre histoire. De la Seconde Guerre mondiale au conflit israélo-palestinien, en passant par des références plus inattendues comme Madagascar, le manga japonais fait résonner les traumas du monde à travers ses récits de guerre, d’endoctrinement, de mémoire et d’oppression.

L’héritage des camps et la mémoire déformée : une relecture de la Shoah

Parmi les références les plus évidentes, L’Attaque des Titans convoque directement l’imaginaire de la Seconde Guerre mondiale.

Les Eldiens, peuple opprimé, sont parqués dans des ghettos, identifiés par des brassards, et traités comme une menace raciale. On leur attribue les crimes de leurs ancêtres, on les isole, on les manipule.

La propagande instaurée par Mahr s’appuie sur un lourd sentiment de culpabilité imposé aux Eldiens, présenté comme une dette historique impossible à effacer. Ce discours permet de légitimer un système profondément discriminatoire, tout en recrutant plus facilement des Eldiens pour les intégrer dans l’armée. Peu à peu, certains finissent par adopter une haine intériorisée envers leur propre peuple. Ce procédé évoque les stratégies de manipulation de l’histoire utilisées par plusieurs régimes fascistes, notamment le Troisième Reich. Sans cibler directement les juifs dans ce contexte précis, la logique de conditionnement rappelle néanmoins celle des Jeunesses hitlériennes, où l’endoctrinement servait à façonner dès l’enfance une génération prête à nourrir et perpétuer la haine antisémite.

Toute cette mécanique rappelle de manière glaçante le sort réservé aux Juifs dans l’Europe nazie.

Marley, nation militaire dominante, utilise les Eldiens comme armes vivantes, les transforme en Titans pour les envoyer au combat et les dresse contre leurs propres semblables. Ce système, fondé sur la peur, la propagande et l’endoctrinement, illustre avec force les dérives d’un pouvoir autoritaire qui instrumentalise l’histoire pour asseoir sa domination. Cette logique rappelle tragiquement les pratiques nazies durant la Seconde Guerre mondiale, où des expérimentations médicales inhumaines étaient menées sur les juifs et autres populations persécutées, considérées comme de simples outils au service de l’idéologie et de la guerre.

Tenue mahr l'attaque des titans

La jeunesse de Marley est façonnée dès l’enfance par un encadrement militaire strict. Les enfants Eldiens, en particulier, portent un uniforme et suivent une formation rigide qui n’est pas sans rappeler celle des Jeunesses hitlériennes. Dans les deux cas, l’objectif est clair : conditionner idéologiquement les jeunes, leur inculquer un sentiment d’appartenance à un système autoritaire et les préparer à servir aveuglément ses intérêts, quitte à alimenter la haine envers un ennemi désigné — parfois même envers leur propre peuple.

L’exil forcé des Eldiens vers l’île de Paradis, où ils sont transformés en Titans errants, s’apparente à une forme de peine capitale collective, doublée d’un effacement total de leur humanité. Ce processus, marqué par la déshumanisation et la condamnation sans retour, évoque le destin tragique des déportés dans les camps de concentration nazis. Comme ces lieux d’horreur où l’on privait les prisonniers de toute dignité et de toute identité, Paradis devient un espace de mort lente, pensé pour effacer jusqu’au souvenir de ceux qui y sont envoyés.

Eldiens et Israéliens : les victimes d’hier devenues bourreaux ?

Mais là où Isayama complexifie son récit, c’est dans cette bascule vertigineuse : celle où les victimes deviennent à leur tour les instigateurs de la terreur.

Le reste du monde, autrefois victime des Eldiens durant l’âge d’or de leur empire, devient à son tour bourreau. Comme dans l’Histoire réelle, où le peuple juif, victime des pires atrocités du XXᵉ siècle, se retrouve aujourd’hui, à travers l’État d’Israël, se retrouvent aujourd’hui dans la position d’un état génocidaire, envers le peuple Palestinien ! Dans L’Attaque des Titans, cette inversion des rôles est omniprésente.

Pour les Eldiens de Paradis, l’histoire prend une autre tournure : après des décennies d’isolement, de propagande et d’attaques incessantes, certains choisissent la voie de la vengeance. L’attentat d’Eren à Liberio, les attaques massives, et surtout le « Grand Terrassement » s’inscrivent dans ce cycle infernal. Pourtant, ce qui est qualifié de « terrorisme » lorsqu’il vient de Paradis est considéré comme « légitime défense » lorsque c’est Marley qui rase des villes entières et massacre des civils sur l’île.

Ce double standard illustre parfaitement le conflit israélo-palestinien : un cycle de représailles où chaque camp justifie ses violences en s’appuyant sur ses blessures passées, tout en refusant de reconnaître celles qu’il inflige dans le présent.

Le manga ne prend pas parti, mais tend un miroir glaçant à cette réalité : tant que la vengeance sera la seule réponse, les murs ne tomberont jamais — ils ne feront que changer de gardiens.

Paradis, Gaza : des murs, une enclave, une survie

Dès les premiers chapitres, les Eldiens vivent confinés derrière trois gigantesques murs, croyant être les derniers survivants de l’humanité. Une vie recluse, sous surveillance, dans une forme d’apartheid déguisé. Cette situation fait étrangement écho à la bande de Gaza : une population enfermée sur un territoire exigu, surveillée, limitée dans ses déplacements, sous la menace constante d’un ennemi supérieur technologiquement.

Tout comme les Gazaouis, les Eldiens de Paradis sont perçus comme une menace à éliminer, non pas pour des crimes passés, mais parce que leur destruction servirait les objectifs politiques, stratégiques et économiques de Marley. Leur mise en quarantaine forcée sur l’île de Paradis rappelle directement l’isolement imposé à la bande de Gaza : un territoire coupé du monde, soumis à un blocus étouffant, où chaque ressource est contrôlée, où chaque sortie est empêchée.

Cette situation d’enfermement permanent nourrit un climat de tension extrême, où la survie quotidienne devient un combat. Et, tout comme les cessez-le-feu promis à Gaza, souvent rompus par Israël, les rares moments de répit sont balayés par les attaques incessantes de Marley contre Paradis. Ces offensives, menées avec l’idée de passer inaperçues ou d’être justifiées par une propagande bien rodée, entretiennent un cycle de violence sans fin.

Dans les deux cas, la population visée se retrouve acculée, prise au piège d’un conflit qu’elle subit, et poussée par le désespoir vers une résistance qui, à son tour, alimente le récit de la menace.

Madagascar : une île bien réelle aux murs nommés Sina, Maria et Rose

Autre point de résonance, plus discret mais troublant : Madagascar.

L’un des éléments les plus marquants dans Shingeki no Kyojin est l’existence de trois murs gigantesques, nommés Sina, Maria et Rose, censés protéger les Eldiens des Titans. Un détail qui pourrait passer pour une pure invention… sauf qu’à Madagascar, ces noms existent bel et bien. Sur cette île de l’océan Indien, située à l’écart du continent africain, on trouve en effet trois murs historiques appelés eux aussi Sina, Maria et Rose, ce qui ne peut qu’éveiller la curiosité des lecteurs les plus attentifs.

Bon vous l’aurez compris, les signalisations des murs sont réellement présentes sur Google Maps et Google Earth, mais aucun mur n’a réellement été construit ! Il s’agit ici + d’un clin d’œil placé ici par des fans !

Au-delà des noms des murs, c’est surtout la géographie de l’île de Madagascar qui rappelle celle de l’île de Paradis dans SNK. Une grande île isolée, éloignée du reste du monde, entourée d’eau, perçue parfois comme un territoire oublié ou stratégique, selon les époques. Si Hajime Isayama ne s’est jamais exprimé sur cette coïncidence, elle renforce la dimension symbolique de Shingeki no Kyojin comme une œuvre traversée d’échos du réel, où la frontière entre fiction et histoire devient floue. En sachant que la carte du monde d’SNK correspond à une inversion de celle de notre monde réel !

Une dystopie aux reflets du monde

Ce qui fait la force de Shingeki no Kyojin, ce n’est pas son décor fantasy ni ses titans carnivores. Ce manga apporte sa petite touche, cette manière de parler du monde sans jamais le nommer.

De rappeler que les monstres ne sont pas toujours ceux qu’on croit. Que les murs, physiques ou idéologiques, sont souvent construits par peur, mais deviennent rapidement des prisons morales. Que les histoires de vengeance, d’exil, d’identité ou de territoire, résonnent toujours quelque part dans notre présent.

Loin de toute simplification manichéenne, Isayama livre un récit dérangeant, inconfortable, où chaque peuple porte ses douleurs, ses fautes, ses colères. Et où personne ne sort indemne du cycle de la haine.

🫀 Founder Kazoku , anciennement skendolero.fr. ⛩️ Travel - Japon - Manga

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