

Culture
Une exposition à Paris pour célébrer Isao Takahata, maître de l’animation japonaise & cofondateur du Studio Ghibli !
À l’automne 2025, Paris s’apprête à accueillir un événement culturel majeur : la première grande exposition française dédiée à Isao Takahata, figure tutélaire de l’animation japonaise et cofondateur du mythique Studio Ghibli. Du 15 octobre 2025 au 24 janvier 2026, la Maison de la culture du Japon à Paris ouvre ses portes à un hommage aussi sensible que passionnant, retraçant près de 50 ans de création cinématographique.
🎬 Takahata, un cinéaste entre poésie et engagement

Peu de réalisateurs ont autant marqué l’histoire de l’animation japonaise qu’Isao Takahata. Né en 1935 et disparu en 2018, il est l’un des grands architectes de l’essor international du Studio Ghibli, fondé aux côtés de Hayao Miyazaki et Toshio Suzuki en 1985. Là où Miyazaki explore souvent l’imaginaire et le merveilleux, Takahata ancre ses récits dans le réel, le quotidien, et l’histoire du Japon.
Son cinéma est empreint d’une profonde humanité, oscillant entre chroniques de la vie rurale, récits de guerre, et fables écologiques. Son œuvre phare, Le Tombeau des lucioles (1988), reste à ce jour l’un des films les plus bouleversants de l’histoire de l’animation.
📚 Carnets, croquis, vidéos et objets personnels
L’exposition parisienne intitulée « Isao Takahata – Pionnier du dessin animé contemporain, de l’après-guerre au Studio Ghibli », conçue sous la direction de Kazuyoshi Tanaka, s’articule autour de quatre grandes sections chronologiques, pour mieux saisir l’évolution artistique du réalisateur. On y découvrira plus de cinquante ans de création, à travers des storyboards, celluloïds, carnets de croquis, dessins originaux, extraits vidéo, et objets personnels.
Le parcours commence dans les années 1960, au sein du studio Toei Doga (actuel Toei Animation), avec Horus, prince du Soleil (1968), œuvre fondatrice qui annonce déjà un regard cinématographique nouveau : collectif, mature, politique.
Dans les années 1970, il réalise des séries devenues cultes comme Heidi, Marco, ou encore Anne, la maison aux pignons verts. Sous la contrainte d’une production hebdomadaire, il développe une esthétique du quotidien : chaque geste, chaque silence, chaque regard devient porteur de sens. Loin du spectaculaire et de la surenchère visuelle, ses récits valorisent les émotions fugaces, les liens familiaux, et les paysages ruraux. Cette période marque une étape essentielle dans la construction de son style, profondément ancré dans l’observation du réel et le respect de la simplicité.


Confronté au rythme intense de la production hebdomadaire, il affine une écriture du quotidien, où les gestes simples, les silences et les émotions fugaces deviennent le cœur du récit.
L’exposition promet une immersion rare dans les coulisses de la création. Parmi les pièces présentées : des esquisses préparatoires, des documents de production inédits, des affiches d’époque, mais aussi des objets personnels ayant appartenu au cinéaste. Les visiteurs pourront explorer l’évolution de scènes emblématiques, comprendre ses choix artistiques, et mesurer l’influence de son travail sur toute une génération de réalisateurs.
Les grands films des années 1980 et 1990 occupent naturellement une place centrale : Le Tombeau des lucioles, bien sûr, mais aussi Souvenirs goutte à goutte (1991), Pompoko (1994), ou encore Kié la petite peste (1981). Autant de récits qui, chacun à leur manière, explorent les tensions entre tradition et modernité, la mémoire collective, ou encore la cohabitation fragile entre humains et nature.
🌏 Un parcours international, entre Tokyo et Paris
Avant de faire escale à Paris, l’exposition a été présentée à la Azabudai Hills Gallery de Tokyo, entre juin et septembre 2025.

Elle coïncide symboliquement avec deux anniversaires : les 90 ans de la naissance d’Isao Takahata, et les 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le choix de Paris n’est pas anodin : la France entretient depuis longtemps une relation privilégiée avec le Studio Ghibli, et Takahata lui-même a visité la capitale à plusieurs reprises, notamment pour accompagner ses films lors de festivals.
L’exposition est appelée à circuler dans d’autres lieux prestigieux, dont le mudac à Lausanne au printemps 2026, mais la première halte française, à Paris, bénéficiera d’une scénographie immersive pensée pour faire dialoguer l’œuvre du cinéaste avec le regard du public européen.
🎵 Une expérience multisensorielle
Pour accompagner ce voyage visuel, l’ambiance sonore de l’exposition a été pensée avec soin : les musiques originales des films, signées en grande partie par Joe Hisaishi, envelopperont le visiteur dans une atmosphère poétique et émotive.
Des espaces interactifs sont également envisagés, permettant par exemple d’observer les différentes étapes du travail de l’animation, ou même d’expérimenter certaines techniques à travers des ateliers.
La dernière partie de l’exposition mettra en lumière la dernière évolution du style de Takahata, notamment à travers Mes voisins les Yamada (1999) et Le Conte de la princesse Kaguya (2013).
Ces deux œuvres illustrent sa volonté de revenir à un langage graphique plus libre, proche de l’aquarelle ou du sumi-e japonais. C’est là que son art atteint une forme d’épure, mêlant tradition picturale et modernité numérique, dans un style visuel unique au monde.
📍 Informations pratiques
- Dates : du 15 octobre 2025 au 24 janvier 2026
- Lieu : Maison de la culture du Japon à Paris, 15e arrondissement
- Billetterie : ouverture prévue à la rentrée – il est conseillé de réserver tôt
- Prolongation prévue au mudac (Lausanne) au printemps 2026
Admirateur de longue date du Studio Ghibli ou simple curieux, cette exposition est l’occasion unique de plonger dans l’univers subtil, profondément humain et visuellement poétique d’un cinéaste qui a changé à jamais la perception de l’animation. Takahata ne cherchait pas à séduire, mais à émouvoir, à faire réfléchir, à rappeler que chaque instant de vie – aussi banal soit-il – peut devenir cinéma.
À travers cette rétrospective, Paris rend un hommage vibrant à l’un des artistes les plus discrets, mais aussi les plus novateurs de son époque. Une célébration à la hauteur d’un héritage qui continue d’inspirer le monde entier.

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