Les Chats d’Ulthar (Les chefs-d’œuvre de Lovecraft) – Lovecraft sublimé par Gou Tanabe !

Les Chats d’Ulthar est un recueil de trois nouvelles de H.P. Lovecraft, ici magnifiquement adapté en manga par Gou Tanabe et publié chez Ki-oon. S’inscrivant dans la continuité des adaptations des œuvres du maître de Providence, ce volume nous plonge dans les Contrées du Rêve, un univers aussi fascinant qu’inquiétant, où l’imaginaire et l’horreur se confondent dans un onirisme troublant.

Le Synopsis

À Ulthar, les chats sont omniprésents. Ils envahissent ses rues et observent ses habitants… Personne n’a le droit de s’en prendre à eux depuis qu’un terrible événement a prouvé leur esprit de vengeance…

Barzai, savant respecté de la ville, est à l’origine de cette règle hors du commun. Mais nul n’est à l’abri de l’orgueil, pas même le plus sage des hommes. Obsédé par la connaissance, il brise tous les tabous, quitte à s’attirer la colère des dieux…

Kuranès, lui, est possédé par le rêve de la fabuleuse cité imaginaire de Céléphaïs. Pour l’atteindre, il est prêt à tout, même à risquer le sommeil éternel…

Mon Avis

Gou Tanabe n’en est pas à son coup d’essai lorsqu’il s’agit d’adapter Lovecraft, et une fois de plus, son trait précis et ses jeux de lumière saisissants transforment le texte en une expérience visuelle d’une puissance rare.

Ce recueil regroupe trois histoires distinctes : Céléphaïs, Les Chats d’Ulthar et Les Autres Dieux, chacune explorant une facette différente des rêves et des mystères lovecraftiens.

Si Les Chats d’Ulthar est sans doute la plus marquante, notamment grâce à sa construction simple et efficace où les félins prennent leur revanche sur un couple de bourreaux, les deux autres nouvelles développent une approche plus introspective et mystique. Céléphaïs nous entraîne dans la quête d’un homme en quête d’un paradis rêvé, tandis que Les Autres Dieux s’aventure sur les sentiers interdits du savoir et de la folie.

Le travail de Tanabe sur ces nouvelles est une fois encore remarquable. Il parvient à matérialiser l’indicible, à donner forme à l’abstraction des rêves et des peurs lovecraftiennes. Ses paysages brumeux, ses architectures grandioses et ses cieux menaçants confèrent à ces récits une densité visuelle envoûtante.

Certaines planches, notamment celles illustrant la montée inexorable des chats vengeurs ou les cités irréelles de Céléphaïs, sont vraiment intenses. Pourtant, là où ses précédentes adaptations plongeaient dans l’horreur pure, ce recueil mise davantage sur l’ambiance et le mystère.

Cela peut expliquer pourquoi Les Chats d’Ulthar laisse une impression plus nuancée. Si la puissance graphique est indéniable, certaines histoires paraissent peut-être moins percutantes que les précédentes œuvres adaptées par Tanabe.

Là où Lovecraft laissait libre cours à l’imagination du lecteur, le dessin fige parfois un univers qui se nourrissait autrefois de l’abstraction et du non-dit. Cette dimension, si elle fonctionne magnifiquement dans des récits comme Les Montagnes Hallucinées, peut ici donner une sensation d’appréhension différente !

Les Chats d’Ulthar reste un recueil hypnotisant, à la fois poétique et inquiétant. Tanabe capture avec brio l’essence de Lovecraft et nous offre une nouvelle immersion saisissante dans un imaginaire aussi sublime qu’insondable. Une adaptation qui, sans être la plus percutante de sa collection, n’en demeure pas moins une expérience envoûtante pour tout amateur de l’univers lovecraftien.

MA NOTE : 15/20