Le Shojo et le Shonen : les codes restent, mais les barrières se brisent.

Une question me taraude après plusieurs centaines de lectures, plusieurs centaines de visionnage d’animés. Pourquoi je ne suis pas plus allé vers les Shojo ?

Les clichés sur le Shojo

Souvent lorsque tu souhaites des recommandations de Shojo, on te conseille les titres suivants : Fruits basket, Orange ou encore Nana, même si celui-ci est un Josei. Ce sont des titres références.

Le premier point qui pourrait être un frein est un cliché bien établi : celui du triangle amoureux, à l’histoire d’amour impossible que je trouve parfois étirée de façon artificielle, qui fait entrer toute une galerie de personnages afin que la « lectrice » puisse choisir son favori. Ajouter à ça les réactions des personnages qui ne me paraissent pas toujours cohérente. 

Ce point peut s’expliquer par le fait que la séduction est montré avec le prisme de la société japonaise et qu’ils n’ont pas les mêmes codes sociaux que nous.

En France on se sert du Shojo comme un système de classification de genre. Alors qu’il s’agit d’une cible éditoriale d’un magazine de prépublication. Cela contribue selon moi à compartimenter le lectorat de façon indirecte.

D’ailleurs, il suffit de regarder les cover de nombre de Shojo. Elles sont souvent teintées d’un rose bonbon, plus Girly tu meurs ! Et ça me renvoyait l’idée que ces manga n’était pas fait pour moi. Difficile pour moi de se détacher de ses clichés de romance fleur bleue, d’histoire d’amour impossible.

Et c’est une erreur ! Le Shojo a bien plus à nous offrir.

Tous les Shojo ne peuvent pas se résumer à ça, mais ce sont des thématiques récurrentes.

Je te donne quelques exemples pour illustrer mon propos. Il y a « Banana fish » un thriller; les oeuvres de Moto Hagio considérées comme une figure majeure du Shojo et mis en avant au Festival International de la BD l’Angoulême, ou « Life » qui va aborder des thèmes plus sombres comme la persécution.

Comme le Shonen, le Shojo à ses propres codes. Le Shonen nekketsu passera par une série de codes que j’ai évoqué dans un épisode de podcast.

Mais Tsundoku, c’est quoi le nekketsu ?

Littéralement « sang bouillant », il s’agit d’une sous-catégorie de Shonen. On suit un héros dans son parcours initiatique avec un dépassement de soi,  qui va braver tous les obstacles pour atteindre son but ou devenir le meilleur dans son domaine. Tu peux retrouver un orphelin recherchant son père ou souhaitant le dépasser un héros naïf mais courageux au grand cœur, ses premiers ennemis deviendront ses alliés un sens aigu de la justice, le héros se relève toujours plus fort il refuse de baisser les bras. On trouve souvent dans le nekketsu des tournois ou des compétitions. Je suis sûr qu’en lisant tous les codes du nekketsu, vous avez eu en tête certains manga bien connu comme Demon Slayer, Jujutsu Kaisen, Naruto et bien d’autres.

Quelques caractéristiques du Shojo

Quand au Shojo; il est souvent centré sur une histoire d’amour, une problématique social. Et la résolution des problématiques passera le plus souvent dans la compréhension de soi et des autres, le dialogue et l’introspection. Le récit sera centré sur le relationnel, plutôt que les actions en elles-mêmes. Le tout caractérisé par un trait fin, des yeux ronds et des silhouettes élancées. Et ça se ressentira dans le découpage qui sera davantage centré sur le visage et les regards. Et l’emploi de certains mots dans les dialogues seront accentués par des caractères plus gras afin de nous faire ressentir l’impact sur les différents personnages.

Ainsi une même thématique peut être traitée dans les deux cibles éditoriales mais pas avec la même approche. Et si je te parle de ça aujourd’hui, c’est parce que j’ai le sentiment que les lignes ont bougé.

En effet, en 2024 plus besoin de jaquettes rose bonbon arboré le licorne et de paillettes.

Même si les codifications restent, la frontière entre Shojo et Shonen devient plus floue. Et c’est une tendance qui n’est pas pour me déplaire. J’apprécie l’idée qu’un lecteur puisse aller piocher dans le Shojo ou dans le Shonen sans que les catégories ne soient genré.

J’en veux pour preuve des titres comme « Blue box » classé comme un Shonen traitant une romance entre 2 adolescents qui vont se comprendre au travers de leur pratique sportive respective. 

Dans un Shonen, la narration se fait au travers du personnage masculin afin que le lectorat puisse s’y identifier. Et pourtant dans « Blue Box » une grande attention est portée au personnage féminin. Notamment à ce qu’ils ressentent, aux émotions, à leur développement à la manière d’un Shojo. Et ce n’est pas le seul ! On peut voir aussi cette mécanique utilisée dans « Katsu! » qui au travers du sport nous amènera vers une romance.

Ces deux titres peuvent permettre au lectorat masculin de s’intéresser progressivement au Shojo.

Mais ce n’est pas la seule ligne qui a évolué.

La maison d’édition Pika a évoqué récemment une évolution dans leur charte graphique concernant les Shojo. Ce qui aura pour effet à terme de contribuer à décloisonner le lectorat en étant moins genré.

Akata s’en sort bien également ! La maison d’édition propose des Shojo ou des Josei qui mêlent des problématiques sociales au-delà des appartenances de genre.

Quelques recommandations

Je ne peux que t’encourager à aller découvrir cet univers. Si tu souhaites en découvrir davantage sur le Shojo, je t’invite à écouter le podcast « Shojo Story » un podcast tenu par Célia et Natasha. Ou encore les comptes Instagram de shojoland_ ou shojoadventure.